Chronique Chronique Désarmons ! Paix et non-violence

Guerre au Yémen, pas en notre nom !

Patrice Bouveret, Tony Fortin

En mars 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite lançait une offensive au Yémen. Quatre ans après, la guerre se poursuit. « Pire crise humanitaire du 21e siècle », elle a fait plus de 60 000 victimes et placé 14 millions de personnes en état d’insécurité alimentaire (1).

Comme l’Observatoire des armements avec un collectif d’ONG (FIDH, Ligue des droits de l’Homme, Amnesty International France, ACAT) l’ont établi, des navires vendus par la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis sont impliqués dans le blocus du pays et des chars, canons et avions de chasse français pilonnent les zones civiles (2).
Le Yémen n’est pas le seul pays dans lequel des équipements militaires français sont massivement utilisés. En Égypte, également — où plus de 60 000 opposant·es ont été emprisonné·es depuis 2013 —, le pouvoir utilise un arsenal d’outils de surveillance et de répression qui ont été en grande partie vendus par notre pays ces dernières années. (3)
 

Pour un contrôle parlementaire des ventes d’armes

Suite à la campagne menée par les ONG, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a mis en place en janvier 2019 une mission d’information sur le contrôle des armements dont les rapporteu·ses sont les député·es Jacques Maire et Michèle Tabarot. Les travaux viennent à peine de débuter que Jacques Maire prévient déjà qu’« il n’est pas là pour remettre en question a priori la position du gouvernement ». (4)
Face à ce signal inquiétant, l’Observatoire des armements appelle les personnes qui lisent ce texte à interpeller les parlementaires de leur région et les rapporteu·ses de la mission afin que celle-ci débouche sur la création d’une commission parlementaire permanente de contrôle des ventes d’armes ayant accès au « secret défense ». Une proposition répondant au rôle du député prévu dans la Constitution de la Ve République (article 24) et qui permet notamment de combler le retard de la France par rapport à d’autres pays européens. Vous trouverez sur notre site (www.obsarm.org) un modèle de lettre, les adresses pour l’envoyer ainsi que les documents pour en savoir plus.
Ne laissons pas l’histoire se répéter.

Tony Fortin et Patrice Bouveret
 
(1) « The future of war : Documenting human rights violations in Yemen », Rescue.org, 5 février 2019, https://www.rescue.org
(2) « Ventes d’armes françaises : »indices de présence« au Yémen et nécessaire refonte des mécanismes de contrôle des exportations », Observatoire des armements, FIDH, LDH, SAF, avril 2018, https://www.fidh.org
(3) « Égypte : une répression made in France. Exportations d’armes et de technologies de surveillance », FIDH, LDH, Observatoire des armements, CIHRS, juillet 2018, http://obsarm.org
(4) Émission « Secrets d’info » sur France Inter, samedi 2 février 2019. 
Voir aussi « La responsabilité de la France dans la guerre au Yémen », Silence de mars 2018, no 465.

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