Chronique L’action non-violente : mode d’emploi Paix et non-violence

Le boycott

Serge Perrin

Nous avons vu que la grève est la non-collaboration des travailleu·ses à leur exploitation. Le boycott est la non-collaboration des consommat·rices. C’est un moyen de pression économique pour un changement de pratique de l’entreprise ou de l’État boycotté.
Parmi les boycotts célèbres on peut citer : le refus des tissus anglais puis de la taxe sur le sel en Inde par Gandhi, les bus de Montgomery par les noirs en 1955 avec Martin Luther King, les oranges Outspan d’Afrique du Sud en France dans les années 1970 et aujourd’hui la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction) vis-à-vis d’Israël.

Un impact économique mais aussi politique

Le succès d’un boycott va être fonction de l’objectif : celui-ci doit être précis et atteignable. Il faut aussi un lien clair entre le choix de l’entreprise à boycotter et la revendication exprimée.
L’impact d’un boycott va dépendre de la capacité à faire baisser sensiblement le chiffre d’affaire de l’entreprise. Mais l’impact sur l’image de l’entreprise joue un rôle important aujourd’hui. Ainsi l’association i-boycott (www.i-boycott.org) engage des actions en appuyant principalement sur l’image de marque et sur une « menace de boycott ».
Les formes d’actions pour un boycott sont variées. Nous retrouvons les différentes étapes d’une stratégie non-violente : choisir l’objectif – informer l’entreprise – populariser l’action – faire pression – éventuellement faire face à la répression – négocier la fin de l’action (victoire ou compromis : tout le monde doit en ressortir « la tête haute »).
Il est important de faire connaître l’action : la présence devant les magasins avec des tracts, des banderoles, un stand est nécessaire. Des actions plus dures peuvent s’organiser : remplir son caddie avec les produits à consommer et se présenter à la caisse en abandonnant le chariot et en déclarant ne pas vouloir acheter cette marque, par exemple. Les rayons sont vidés des produits, les chariots doivent être rangés par le magasin.
La présence de la presse apporte une caisse de résonance à l’action, une vidéo peut alimenter les réseaux sociaux.

La légalité du boycott en question

La légalité des boycotts est en discussion. Les grandes entreprises essayent de faire interdire ce type d’action pour « entrave à la liberté du commerce » dans les traités internationaux de « libre échange » (comme le TAFTA). En France, le fait d’appeler au boycott pour des raisons religieuses, ethniques, ou de discriminations est condamnable. Ces raisons sont utilisées par Israël pour porter plainte contre l’appel à BDS sous prétexte que ce serait un boycott contre les Juifs (comme au temps de l’Allemagne nazie). Ce sont pourtant la pratique de l’apartheid et l’occupation illégale de la Palestine qui justifient politiquement le BDS. Il y a eu des procès initiés par des organisations pro-sionistes, mais en appel ce sont des relaxes qui sont prononcées. En effet la justice refuse l’amalgame entre antisémitisme (contre les Juifs) – qui est une idéologie raciste et illégale - et antisionisme (contre un État juif) – qui est une opinion politique, légale (au moment où ces lignes sont écrites).

Serge Perrin
Mouvement pour une Alternative Non-violente - Lyon

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