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Vous avez dit un débat « sans tabou » ?

Patrice Bouveret

Une absente d’importance dans cette colère multiple, disparate, profonde, symbolisée par un gilet jaune : l’armée, la guerre et sa préparation. De même, dans les mobilisations pour le climat et la transition écologique, l’armée n’est guère remise en cause. Alors que cette institution est grande consommatrice des deniers de l’État, de matières premières et d’énergie… Bref, une des causes importantes de la pénurie des moyens et de la dégradation de l’environnement. Malgré tout cela, elle voit son budget augmenter de manière significative, sans que cela suscite débat, ni controverse.
 

Notre budget militaire dépasserait celui de la Russie !

 
En 2018 le budget du ministère des Armées avait déjà connu une hausse de 1,8 milliard. Pour 2019, l’augmentation est de 1,7 milliard d’euros. L’enveloppe globale allouée au ministère des Armées — qui d’ailleurs ne comprend pas l’ensemble des dépenses militaires ! — sera en 2019 de 46,72 milliards d’euros, excusez-du peu ! Dont 19,5 milliards pour les investissements, c’est-à-dire pour l’achat de nouveaux matériels et le développement de nouvelles armes. L’arme nucléaire n’est pas oubliée puisque son budget augmente de 10 % passant de 4 à 4,45 milliards. Selon certaines études — avec toutes les précautions à prendre car aucun État n’a le même mode de calcul pour le budget de son armée —, la France dépasserait même la Russie pour ses dépenses militaires (1) !
 

L’impact écologique du militaire

 
Quant à l’impact écologique du militaire, l’armée est l’une des plus grandes propriétaires foncières de France. Et elle n’est pas en reste en consommation énergétique. Je ne prendrais que deux exemples pour l’illustrer : le Rafale utilise entre 110 et 350 litres de kérosène par… minute ; le char Leclerc consomme, lui, environ 310 litres d’essence pour 100 kilomètres… Bref, une évidence, les armements sont facteurs de pollution et de dégradation de l’environnement.

  On ne touche pas au budget de l’armée !

 
Or, non seulement le rôle et l’impact du militaire ne fait pas l’objet de débat, mais le président Emmanuel Macron et sa ministre des Armées ont déclaré qu’il n’était pas question de toucher à l’augmentation prévue du budget militaire, sans que cela suscite de réaction…
Comment expliquer cette absence de questionnement social ? Sans aller dans une démagogie excessive ou des raccourcis réducteurs — du style 1 Rafale = x lycées ou collèges — ne faut-il pas s’interroger sur la part du militaire dans les dépenses publiques et les pistes de réductions possibles en la matière, si on veut, par exemple, réduire les prélèvements fiscaux ? De même, comment réussir une véritable transition écologique en écartant l’impact des armées ?
Tel est l’objectif de cette nouvelle chronique bimestrielle animée par l’Observatoire des armements : se réapproprier le sujet et proposer des pistes d’actions.
 
Patrice Bouveret
 
(1) « Budget militaire : la France devant la Russie… mais derrière l’Arabie saoudite », Vincent Lamigeon, Challenges, mis en ligne le 18 décembre 2018.

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