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Des « lâchers de livres » qui donnent des ailes

Marie Astier

Depuis un an et demi, une association distribue gratuitement des livres dans les quartiers populaires d’Alès, dans le Gard.
Joël Baptiste a fondé Voyages culturels en mars 2017. Il s’est donné pour mission de collecter des livres, de les trier et de les redistribuer gratuitement dans l’agglomération d’Alès, dans le Gard. Un an et demi plus tard, « on a distribué 20 000 livres », se félicite-t-il.
Un jour, alors qu’il faisait de la brocante, « des enfants se sont arrêtés devant un carton de livres mais leur mère n’avait pas l’argent alors, je leur ai offert. Je me souviens de leur regard ! ».
Son petit stock de brocanteur s’est étoffé rapidement grâce à des « boîtes à livres » installées, notamment, dans les médiathèques de l’agglomération. Les particuliers peuvent y déposer les ouvrages qui encombrent leurs étagères, les bibliothèques elles-mêmes sont ravies de lui céder les ouvrages anciens qui doivent laisser place aux nouveaux.

« Lâchers de livres »

Régulièrement, Joël Baptiste organise ce qu’il appelle des « lâchers de livres ». Dans un jardin public de la ville d’Anduze (Gard), au lycée d’Alès — « plus de mille livres sont partis », assure-t-il —, ou encore au milieu des cités d’Alès. En plus des stands exposant les ouvrages où chacun·e peut se servir, un atelier papier cadeau est proposé. « L’an dernier, c’était un sacré succès, on a passé la journée à emballer des livres, les enfants en choisissaient même pour les offrir à leur instituteur ! » témoigne Murielle Mucha, la compagne de Joël. « Devant les stands, les gens discutent, se conseillent, consultent les livres ». Un autre objectif de l’association est ainsi atteint : créer du lien.

Construire ensemble sa bibliothèque

L’association essaime des bibliothèques sur le territoire. Ainsi à l’École régionale de la deuxième chance d’Alès, une institution qui vise à former des jeunes éloigné·es de l’emploi. Régulièrement, des listes d’ouvrages réclamés par les élèves sont envoyées à l’association, qui les recherche dans son stock. Audrey Lepage, la formatrice de français, se félicite que certains livres aient plu, et donné lieu à des exposés.
Autre lieu de diffusion à venir, le local servant aux cours d’alphabétisation et aux cours de français, notamment pour les jeunes migrant·es. Joël leur a proposé de construire avec lui la future bibliothèque. Une douzaine de palettes permet de réaliser un meuble permettant d’accueillir environ 300 livres. Tandis que Joël coupe les planches à la bonne longueur, deux jeunes s’activent à les poncer. « J’aime les livres sur la politique », indique Ali, 17 ans, venu du Pakistan.
D’autres bibliothèques sont déjà en fonctionnement aux Restos du cœur, à l’aire des gens du voyage, dans divers centres associatifs des communes alentour, dans une association d’aide aux devoirs et d’échanges culturels.
Marie Astier

Texte initialement paru sur Reporterre : https://reporterre.net

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