Dossier Environnement Flore Forêts

Pour la préservation d’un campus aux odeurs de pins

Martha Gilson

En plein cœur du massif des Calanques, le campus universitaire de Luminy, faculté des sciences d’Aix-Marseille, détonne. Îlot au milieu du parc national, il est l’héritage d’une préemption par l’État en 1945 ; il faisait figure de bien commun au même titre que les arbres qui composent la pinède.

Mais le campus universitaire de Luminy ne cesse de se couvrir de toujours plus de béton. L’école de commerce Kedge notamment, qui fait partie du campus, prévoit une extension de son établissement sur une parcelle de 11 000 m2. Cette extension a justifié la destruction le 22 mai 2018 de 298 pins d’Alep, malgré une forte opposition de la part d’une partie de la population, et la situation géographique du campus, au milieu du parc.

Une destruction implacable

Depuis janvier 2018, le bras de fer est rude entre les personnes impliquées dans la défense et la préservation de la pinède et Kedge Business School. Malgré l’avis défavorable de l’architecte des bâtiments de France, la Chambre de commerce et d’industrie a soutenu le projet auprès de la préfecture, qui a autorisé l’extension en émettant une exemption de toute étude préalable d’impact environnemental. L’emplacement du campus de Luminy est particulièrement stratégique : situé au cœur des Calanques, il constitue la passerelle entre la faune et la flore protégées et les espaces habités. « Détruire ces espaces de respiration revient à construire un mur de béton entourant le parc national », se révolte Stéphane Coppey, membre du conseil d’administration de France nature environnement des Bouches-du-Rhône.

Un engagement contre la bétonisation

La plupart des arbres avaient entre 50 et 80 ans, le plus vieux pin recensé actuellement par Georges Aillaud, ancien professeur à Luminy et président du Comité du Vieux-Marseille, avait plus de 140 ans. Dans cet espace de bois et de garrigues, cela faisait plus d’un siècle et demi que le feu n’était pas parti, que les arbres étaient sains et participaient à la biodiversité et la beauté du paysage si typique des Calanques. Georges Aillaud n’hésite pas à parler d’écocide et insiste sur la poursuite de la résistance. Une pétition contre le projet d’extension a recueilli plus de 150 000 signatures et si les arbres ont été tronçonnés, l’enjeu est maintenant d’empêcher la bétonisation de la parcelle. Au côté d’associations comme France nature environnement, SOS Calanques et de personnes qui se sentent concernées, les manifestations se multiplient à Marseille depuis janvier 2018 pour la préservation du parc. Elles rassemblent souvent plusieurs centaines de personnes. L’urbanisation se développe à grands coups de béton et de permis de construire, et c’est contre cette logique que des Marseillai·ses se mobilisent aujourd’hui.

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