Dossier Environnement Flore Forêts

Défendre l’arbre en ville

Claudine Martel, Monique Chevalier

En 2011 et 2012, la commune de Nîmes décide de faire abattre 80 platanes et micocouliers du secteur sauvegardé de la ville pour les remplacer par les abribus d’un futur Tram’bus. Des habitant·es se mobilisent alors contre l’abattage illégal de ces arbres centenaires.

Il aura fallu deux ans de lutte quotidienne sur le terrain et des actions en justice pour mener la mobilisation citoyenne à la victoire mais, dans l’attente des référés déposés dans l’urgence, les abattages allaient bon train.
Les tribunaux ont condamné le sénateur maire de Nîmes à faire procéder à la replantation de l’intégralité des arbres manquants sur les alignements des boulevards concernés. En ces temps presque « historiques », les grimpeu·ses avaient réussi à s’installer dans les arbres ou à « investir » les engins d’abattage parce que les élu·es n’avaient pas pu imaginer que la population ferait de la résistance. Les abattages avaient lieu en plein jour, au milieu de la circulation automobile, sans mesures de sécurité particulière.

Une victoire éphémère

Depuis cette expérience de mobilisation citoyenne conduisant à une victoire éclatante peu appréciée de nos élu·es, nous avons appris à nos dépens que les victoires sont éphémères !
Nous découvrons que les maires ou présidents d’agglomérations apprennent vite auprès des citoyen·nes en résistance. Qui aurait pu imaginer, quelques mois plus tard, voir tout le quartier de la gare de Nîmes bouclé dès 4 h du matin par deux compagnies de gendarmes venues d’Orange pour protéger un nouvel abattage de nombreux platanes ? Un tel déploiement des forces de l’ordre face à un petit groupe de résistant·es derrière des barrières a littéralement sidéré les habitant·es de Nîmes.

L’arbre urbain maltraité

Comme si cette malédiction sur les arbres de notre ville ne suffisait pas, nous avons vu disparaître à l’hiver 2017 les pins d’une place nouvellement réaménagée et inaugurée, et les grands arbres d’un square plus que centenaires : leurs racines, déchaussées, étaient restées à l’air tout un été. À l’aube d’un jour de février, point de compagnies de gendarmes : les deux sites avaient été soigneusement barricadés pendant la nuit et les engins d’abattage enfermés à l’intérieur. Une nouvelle œuvre de destruction devant la population consternée et impuissante.

La concertation citoyenne en panne

Les événements successifs qui se sont déroulés dans notre ville nous ont appris que, si un petit groupe de citoyens et citoyennes déterminé peut mener à bien des actions pour le bien commun, les décisions autoritaires des élu·es prises sans concertation avec la population, mais avec l’appui en nombre des forces de l’ordre, empêchent l’émergence d’une réelle démocratie citoyenne.

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