Chronique L’écologie c’est la santé Santé

Le glyphosate : la FNSEA gouverne en sous-main

François Veillerette

Comment le gouvernement a renoncé à imposer par la loi une sortie du glyphosate malgré les annonces gouvernementales.

« J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans » disait Emmanuel Macron le 27 novembre 2017. On pouvait donc penser à l’époque que l’État allait prendre des mesures fermes pour tracer une voie claire vers une sortie des herbicides à base de glyphosate – comme les fameux Round Up – sans attendre une hypothétique interdiction du glyphosate par l’Union européenne dans 5 ans. La précision du propos – le président de la République parlait de dispositions gouvernementales à prendre – laissait penser qu’un plan de sortie précis allait être adopté. Et comme la loi sur l’agriculture et l’alimentation, issue des États Généraux de l’Alimentation allait être discutée dans les mois suivants beaucoup pensaient que l’interdiction du glyphosate pourrait être inscrite dans cette loi. Et les débats parlementaires allaient dans un premier temps aller dans ce sens. En effet, ce fut d’abord la commission environnement de l’Assemblée nationale qui adoptait, sous l’impulsion de la députée Delphine Batho, un amendement de sortie du glyphosate en trois ans. Dans la foulée, le rapporteur de la Commission des affaires économiques, le député En Marche Moreau allait lui aussi jusqu’à proposer un amendement pour une sortie du glyphosate en trois ans mais en l’assortissant de possibles dérogations. Cet amendement, bien que bien moins ambitieux, avait l’avantage de pouvoir facilement, sur le papier, trouver une majorité à l’Assemblée et donc acter dans la loi un virage, prudent, vers une sortie du glyphosate.

Le lobby fait sa loi

C’est à ce moment-là qu’eut lieu le tournant qui allait amener le gouvernement à renoncer à toute inscription de la sortie du glyphosate dans la loi. En effet, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, allait s’opposer fermement à cet amendement du rapporteur de la loi et lui demander de le retirer… ce qui fut fait moyennant la promesse par le ministre que le Plan pesticides à paraître allait contenir des mesures sur le glyphosate. Mais celui-ci, présenté quelques jours plus tard ne contenait absolument aucune mesure relative à l’interdiction de cette molécule ! Le renoncement du gouvernement était donc officiel et définitif, tous les amendements proposés ultérieurement en séance plénière pour une sortie du glyphosate étant repoussés par le gouvernement. On a donc assisté, en l’espace de quelques jours à un arbitrage gouvernemental favorable au ministre de l’Agriculture, très sensible aux pressions forcenées de la FNSEA, au détriment des demandes du ministre de l’Environnement et de nos propositions. Il s’agit clairement d’un tournant dans la politique gouvernementale qui signe un renoncement aux ambitions environnementales en matière d’agriculture… et sans doute au-delà !


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