Chronique L’action non-violente : mode d’emploi Paix et non-violence

Bloquer un lieu

Serge Perrin

Lorsqu’il s’agit de faire pression sur des décideu·ses, il est nécessaire d’avoir un véritable pouvoir de blocage. Il existe des techniques beaucoup plus efficaces qu’une simple chaîne, pour les actions de blocage de bases militaires ou de trains de transport de déchets nucléaires par exemple.

Différentes techniques pour ne pas se faire déloger

Le principe de base est l’utilisation de matériel difficilement sectionnable.
En premier lieu l’« armlock » (voir photo). C’est un tube avec un axe au centre. Les bras sont enfilés dedans et maintenus à l’axe par l’intermédiaire d’un petit mousqueton relié avec une ficelle autour du poignet. Seule l’action de la personne manifestant peut décrocher le mousqueton à l’intérieur. De l’extérieur, la seule manière de détacher les manifestant·es est de trancher le cylindre au milieu (sans couper les bras) !
Si un tube en PVC (diamètre 60 mm longueur 600 mm – tige filetée traversant au centre) permet de s’entraîner, la version « manifestation » sera réalisée en acier, avec la tige soudée. Le plus efficace est de recouvrir ce tube métallique d’un grillage bétonné : très difficile à couper avec une disqueuse…
À noter que si les policièr·es anglais·es protègent les activistes à l’aide de lunettes et d’une couverture de protection (pour que la limaille brûlante projetée par la disqueuse ne blesse pas la personne), la police française se montre une fois encore sans respect pour les manifestant·es en ne les protégeant pas.
Une autre technique est l’utilisation d’un antivol type moto en U, très difficile à neutraliser : l’antivol est passé au niveau du cou et maintient le·a manifestant·e à un barreau du portail. Cette technique est extrêmement efficace pour maintenir le blocage d’une entrée d’usine.
L’action non-violente ne connaît pas de limite à l’imagination. Ainsi les Palestinien·nes non-violent·es de Bil’in se sont enfermé·es dans de véritables « caissons » métalliques pour gêner la construction du mur d’apartheid par l’armée israélienne.

Être en sécurité

La mise en place d’une action de blocage durant plusieurs heures nécessite l’accompagnement des manifestant·es. La présence des « anges gardien·nes » devient très importante. Comme les manifestant·es ne peuvent pas bouger, il va falloir les « dorloter » : mettre ou enlever une couverture, un chapeau, un imperméable, donner à boire ou des petits gâteaux. Pour les besoins plus intimes, la couche-culotte est parfois nécessaire...
C’est l’ange gardien·ne qui va faire attention à ce que la police (ou pire des milices ou des personnes bloquées) n’agresse pas les manifestant·es.
Lorsque le blocage est réalisé sur un lieu de circulation (voie ferrée ou route), l’annonce en amont de l’action est nécessaire : il faut prévoir le fait que les camions ou les trains ont besoin d’une certaine distance avant l’arrêt complet. Les manifestant·es n’auront pas le temps de se dégager rapidement en cas de dysfonctionnement de la méthode d’alerte.

La presse

Une telle action est à préparer avec minutie, et en particulier pour les médias. Si le blocage est réalisé dans un endroit inaccessible aux journalistes (terrain militaire, lieu privé…) il va falloir organiser la diffusion des images et des informations sur les événements en cours.

Tous les deux mois, Serge Perrin aborde un aspect pratique de l’action non-violente.
Mouvement pour une Alternative Non-violente – Lyon, www.nonviolence.fr

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