Dossier Alternatives Initiatives autres

Ambiance à Ambierle, La Scierie, un atelier partagé en effervescence

Michel Bernard

Une ancienne scierie a été transformée en groupement d’ateliers pour une douzaine de professionnels, une partie en salle commune et salle d’activités. Un lieu où les dynamiques alternatives s’additionnent.

Fiche d’identité
Lieu : Ambierle, 2 000 habitant·es, à 20 km de Roanne • Date de création : 2010 • Surface des bâtiments : 1500 m2 • Achat par une société civile immobilière (SCI) • Gestion par deux associations : une qui regroupe des activités professionnelles (12 personnes) et une autre, La Distillerie, qui gère une salle d’activités (400 adhérent·es)

Un hangar flambant neuf jouxte une veille usine : la Scierie, 1500 m2 de bâtiments avec des ateliers pour différentes activités professionnelles, et la Distillerie, salle commune où on se retrouve pour faire la fête, accueillir un groupement d’achat, une chorale, un atelier de sérigraphie ou pour débattre (1).

Quels compromis faire avec la société ?

Au début, l’appel précisait : « Si le mot d’ordre de nos activités est ‘écologie’, nous l’entendons comme un domaine d’action œuvrant pour une production locale basée sur le respect de la dignité humaine autant que sur une utilisation intelligente de nos ressources. »
Aujourd’hui, même si tout le monde est engagé dans une démarche de moindre consommation et de lutte pour la qualité des produits, plusieurs personnes n’arrivent pas à dégager un revenu suffisant. Le débat porte sur le niveau de compromis à faire avec la société. Faut-il un peu plus rentrer dans le rang pour mieux gagner sa vie ? Comment concilier des demandes financières différentes selon les personnes ? Comment s’articulent l’individuel et le collectif ? Doit-on plus se spécialiser chacun·e dans un métier ou continuer à essayer de rester collectif ?
Jusqu’à maintenant, une partie du travail collectif a consisté à restaurer le bâtiment principal. Aujourd’hui, l’activité extérieure se développe de plus en plus. Or, le travail du bâtiment est encadré par des normes qui laissent peu de places aux envies. « Si on peut utiliser le bois local en charpente, on n’a guère le choix pour le zinc, par exemple », rappelle Jean-Charles.
Au départ, la volonté était de pouvoir vivre simplement mais correctement, de partager les savoir-faire, de s’entraider. Ceci reste le lien central, les divergences se situent (peut-être) sur la place à laisser au travail. Beaucoup d’activités artisanales reposent sur des savoirs anciens. Il faut souvent faire des recherches pour trouver les machines spécialisées et les pièces de rechanges qui vont avec.
Si certaines personnes sont attachées à un atelier, rien n’est figé : certaines machines appartiennent à la SCI, d’autres sont perso. Contrairement aux initiatives de mutualisation des outils en milieu associatif, ici les personnes sont des professionnelles. Cela pose des problèmes de responsabilités (certains outils sont dangereux). Modifier le fonctionnement actuel (la SCI pour les locaux, une association de professionnels et une association pour la gestion de la Distillerie) est un gros chantier que certain·es rechignent à engager.
Bénéficiant de l’énergie d’un fort réseau, l’aventure devrait sans doute évoluer un peu, mais pas sur les principes initiaux.
Au-delà de ces activités professionnelles, la salle commune, gérée par une association, permet d’être au centre d’un réseau intéressant : en 2017, plus de 400 personnes ont adhéré, ce qui signifie qu’elles ont participé à au moins un événement. S’il y a plus d’hommes que de femmes dans les ateliers de la Scierie, c’est équilibré au niveau de la Distillerie.

Contact
• La Scierie, Les Bessons, 42820 Ambierle, scierie@laposte.net,
http://lascierie.eklablog.fr
• EntrePOTE, Entreprise paysans ouvriers travailleurs équitables,
99 rue de Clermont, 42300 Roanne, tél. : 09 54 47 25 16,
www.entrepote.org.

(1) Le bâtiment était une scierie de 1880 à 1950, puis une distillerie jusqu’en 2000. Il a été racheté après dix ans de vacance.

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