Trois Questions Général Santé

Marcher pour la santé environnementale

Sarah Ferrandi

Vous organisez une Marche des cobayes qui traverse le sud de la France et arrive à Paris le 30 juin. Qui en est à l’origine et quelle actualité vous pousse à prendre cette initiative en 2018 ?
L’idée a germé à l’automne 2017 d’une discussion au coeur de la crise du Levothyrox entre Chantal Loir, présidente de l’Association française des malades de la thyroïde et la députée européenne Michèle Rivasi. Elles se sont dit que face à l’isolement des victimes et à la multiplication des scandales sanitaires et alimentaires, il fallait rompre avec cet isolement et ce cloisonnement entre les différents problèmes de pollution et d’intoxications par des produits toxiques dangereux pour la santé et les générations futures.
La multiplication des crises auxquelles nous avons assisté récemment et auxquelles nous assistons encore, telles que la crise du Levothyrox, le scandale des boues rouges à Gardanne, la situation à Fos-sur-Mer, la sortie du poignant documentaire de Pierre Pézerat, Les Sentinelles, sur les combats de salarié·es victimes de l’amiante et de pesticides, ou encore les nombreuses plaintes contre la pollution dans la Vallée de l’Arve font partie de la liste non exhaustive des actualités qui nous ont poussé·es à agir.

Pourquoi décider d’organiser une marche ?
L’idée principale est de rendre visibles les personnes isolées et victimes de produits toxiques, dangereux pour la santé et les générations futures. Nous voulons créer un événement de grande ampleur, qui soit assez long pour que toutes les problématiques locales et nationales que nous fédérons soient mises en lumière, et que celui-ci puisse attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités sur le fait que nous sommes tous et toutes des cobayes. La marche nous paraissait être une modalité d’action très intéressante, nous repensions notamment à la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, qui avait eu un impact énorme. En marchant pendant 2 mois, nous serons présent·es pendant une longue durée sur la scène médiatique. Nous organisons des événements lors des étapes sur chaque problématique, afin qu’aucune ne soit mise de côté. L’idée est également de mettre en avant les différentes problématiques locales, et de partir de celles-ci afin de créer un mouvement national.

Quels sont les objectifs que vous visez à travers cet événement ?

Nous avons 5 objectifs principaux :
· Rendre visibles les personnes isolées et victimes (dans leur travail, sur leur lieu de vie, via leur alimentation ou leurs soins...) de produits toxiques, de produits de santé dangereux, de polluants dangereux pour la santé et pour les générations futures ;
· Créer un mouvement citoyen et un éveil des consciences contre l’inertie des pouvoirs publics en matière de santé environnementale ;
· Réclamer la justice, la réparation, la reconnaissance des responsabilités et l’indemnisation des victimes de la crise sanitaire et environnementale avec l’inversion de la charge de la preuve (ce doit être à l’industriel de prouver l’innocuité de son produit et non à la victime de prouver le lien de causalité entre sa pathologie et le facteur de pollution ou le produit toxique) ;
· Exiger une recherche, une expertise et une justice indépendantes et refonder toutes les méthodes d’évaluation et d’homologation des produits par un panel indépendant de chercheu·ses universitaires avec un contrôle citoyen ;
· Renforcer la protection de la santé au travail en rétablissant les CHSCT [1] et des instances de contre-pouvoir, d’alerte et de contre-expertise pour les salarié·es.

La marche passera notamment par Clermont-Ferrand les 5-6 juin, Moulins les 10-11 juin, Nevers les 13-14 juin, Vierzon le 15 juin, Belleville-sur-Loire le 18 juin, Montargis le 22 juin, Nemours le 25 juin, Montreuil et Ivry-sur-Seine le 29 juin, et arrivera à Paris le 30 juin.

Pour en savoir plus  : http://marchedescobayes.org, contact@marchedescobayes.

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Notes

[1Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Depuis la fin de l’année 2017, ces comités n’existent plus et ont été fusionnés avec la fonction de délégué du personnel, et les comités d’entreprise dans le Comité social et économique (CSE).

[2Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Depuis la fin de l’année 2017, ces comités n’existent plus et ont été fusionnés avec la fonction de délégué du personnel, et les comités d’entreprise dans le Comité social et économique (CSE).

[3Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Depuis la fin de l’année 2017, ces comités n’existent plus et ont été fusionnés avec la fonction de délégué du personnel, et les comités d’entreprise dans le Comité social et économique (CSE).