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Cigéo : ce n’est qu’un débat… continuons le combat !

Stephen Kerckhove

L’enfouissement des déchets nucléaires envisagé à Bure dans la Meuse met en évidence l’une des grandes faiblesses de la filière nucléaire. Frappé d’une constipation radioactive, le lobby nucléaire ne sait que faire de ses déchets. L’industrie nucléaire cherche depuis des décennies à cacher sous le tapis meusien ses déchets atomiques.
Avec la certitude de petits prédicateurs qui ont les réflexes de ces savants-fous en blouse blanche, les expert·es d’EDF, d’AREVA et de l’ANDRA affichent une morgue glaçante. Le laboratoire souterrain accueillerait les déchets les plus radioactifs durant… un siècle avant d’être surveillé pendant 500 ans. Et vous, vous faisiez quoi lorsque Christophe Colomb abordait en Amérique ? L’échelle de temps envisagée pour « gérer » ces déchets atomiques est un pari sur l’avenir qui ne peut qu’être perdu. Le lobby nucléaire présuppose une stabilité sociale sur une échelle de temps qu’aucune société n’a été en mesure de respecter. Après nous… le chaos !

Le débat porte sur la date de l’accident nucléaire

La moindre fuite d’hydrogène, le premier incendie à 500 mètres sous terre et la folie atomique éclatera au grand jour ! Le lobby nucléaire fait donc un pari reposant sur un malentendu. Le débat ne porte pas sur la possibilité d’un accident mais sur la date à laquelle nous subirons la énième catastrophe impossible. Les expert·es du nucléaire n’espèrent qu’une chose : que l’accident n’arrive pas trop tôt !
Le lobby nucléaire a toujours vécu dans la plus parfaite illusion, multipliant petits mensonges et grossières erreurs. Le nucléaire a maintes fois été présenté comme fiable, participant à l’indépendance énergétique française et peu coûteux. Un à un, ces arguments apparaissent pour ce qu’ils ont toujours été : des mensonges assenés avec la force d’un « Étatomique ». Et au pays du roi Soleil, l’atome incarne une toute-puissance quasi monarchique. Contester l’atome revient à s’opposer à la légitimité de l’État lui-même.

« Une pulsion de vie explose au visage d’un personnel politique cramoisi »

Pris en défaut, L’État active quasi mécaniquement les outils qu’il a lui-même façonnés pour asseoir son hégémonie. Face à l’opposition déterminée à laquelle il est confronté à Bure, le gouvernement a annoncé un débat. Cette façon de faire prêterait presque à sourire si les enjeux n’étaient pas si importants pour notre avenir à tous. Un débat a posteriori de la décision ne sert qu’à rassurer L’État sur sa capacité à imposer et justifier son omnipotence ! Les opposant·es ne s’y trompent guère. Personne n’a intérêt à débattre de la longueur des galeries censées accueillir les déchets atomiques. Un refus ne se débat pas ; ne se négocie pas. Il s’assume et se construit.
À Bure aujourd’hui comme à Notre-Dame-des-Landes hier, l’opposition est entière, déterminée, polymorphe et vivante. Une pulsion de vie explose au visage d’un personnel politique cramoisi. Un monde s’effondre et ce n’est pas un débat qui pourra relégitimer un projet qui marque la fin d’une époque faite de suffisance et de morgue. A Bure, ils voulaient enfouir des déchets. Parions sur le fait que nous y enterrerons l’arrogance d’une classe politique radioactive.

Agir pour l’environnement, 2 rue du Nord, 75018 Paris
www.agirpourlenvironnement.org.

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