Trois Questions Israël-Palestine Politique

Dénoncer la Saison France-Israël 2018

Imen Habib

3 questions à… Imen Habib, l’une des animatrices de la Campagne BDS France.

De juin à novembre 2018, la Saison France-Israël veut valoriser les liens entre ces deux pays à travers la culture, l’innovation, les sciences, etc. La campagne Boycott Désinvestissement Sanctions, réponse citoyenne et non-violente à l’impunité d’Israël, dénonce cette mise en avant. Quels sont les partenariats économiques France/Israël et qui favorisent-ils ?
La coopération culturelle, scientifique et technique est fondée sur un accord bilatéral datant de 1959. La France occupe la position de 5e partenaire de coopération avec Israël en matière de recherche scientifique et technologique. Cette coopération est fondée sur des partenariats universitaires (laboratoire commun de l’INSERM-Nice et de l’Institut Technion d’Haïfa notamment) et des échanges de jeunes chercheu·ses. D’où l’importance du volet universitaire de la campagne BDS, encore trop peu développé en France. Cette coopération est assurée, depuis 2003, par un Haut conseil franco-israélien pour la recherche et la coopération scientifique et technologique.
Quels sont les partenariats d’armement militaires entre la France et Israël ?
Les partenariats entre Israël et la France sur le plan militaire concernent l’ensemble des domaines depuis la production d’armement jusqu’à l’échange de savoir-faire en matière d’intervention en passant par l’échange entre les services de renseignements, dans le domaine spatial. En fait, il s’agit d’une coopération à double sens dans les différents domaines où l’un des deux pays a acquis notamment une supériorité technologique. Par exemple, la France a acquis auprès des Israélien·nes les technologies pour le développement de sa filière de drones, de même des forces d’intervention françaises ont participé à des stages de formation conduits par des forces d’intervention israéliennes… La moyenne annuelle des prises de commande de matériel militaire se situe aux alentours de 20 millions d’euros sur les cinq dernières années. Elle était de 17,5 millions d’euros en 2016, dernier chiffre connu. Nous menons actuellement différentes campagnes en lien avec l’embargo militaire ou de désinvestissement comme la campagne en direction d’Hewlett Packard et l’assureur AXA (entre autres) qui sont complices de violations du droit international.
Quelles sont les initiatives prévues en 2018 pour dénoncer la saison France-Israël ?
En 2018, nous avons prévu de nous mobiliser pour dénoncer les tentatives de blanchiment de l’apartheid israélien par la culture à travers la Saison France-Israël 2018, dont il convient de préciser qu’elle a été décidée en 2013, sous l’ancien gouvernement Hollande. Des initiatives auront lieu partout en France et partout où elles se produiront ou presque, elles seront contestées. L’État d’Israël revendique d’utiliser la culture pour essayer de redorer son image, notamment après les massacres à Gaza de 2009 et 2014. Comme rapporté par Eyal Sivan et Armelle Laborie dans leur livre Un boycott légitime et citant un ex-député du parti de gauche Meretz : « Pour l’État d’Israël, la principale source d’exportation vers l’Occident n’est pas faite de mandarines ou d’avocats, ni même d’armement ou de systèmes sécuritaires : l’essentiel, c’est la promotion d’une image, celle de l’’énergie créative’ pour tout ce qui touche à la culture. » Nous avons également prévu de nous associer à des initiatives visant à promouvoir la culture palestinienne, comme par exemple l’importante initiative 2018, Le temps de la Palestine dont BDS France est signataire au niveau national. Nous prévoyons aussi de lancer un appel BDS en direction des artistes, car dans plusieurs pays (Grande Bretagne, Irlande, USA, Portugal...) des appels d’artistes ont déjà été lancés avec succès, et les artistes français sont en retard sur l’expression de la solidarité avec la Palestine et la nécessaire distance à prendre vis-à-vis de la culture israélienne telle qu’elle est conçue par ce régime : un outil de propagande pour masquer les violations innombrables du droit. Il n’est pas trop tard. C’est donc l’un des nombreux défis et objectifs que nous avons à cœur de mener en 2018.

Pour en savoir plus : https://www.bdsfrance.org

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