4e de couverture Actions pour la paix Paix et non-violence

Refuzniks

Il faut du courage pour s’insoumettre dans un pays en état de guerre permanente où protéger les frontières est un devoir. Le photographe Martin Barzilai a réalisé une série de 47 portraits photographiques et écrits, de citoyen·nes d’Israël ayant refusé de servir dans l’armée de leur pays. Des « refuzniks » comme on les appelle depuis que ce mouvement a essaimé avec la guerre du Liban. Le photographe a commencé ce reportage en 2008 dans le village de Ni’ilin où des manifestations contre le mur avaient lieu.
Taïr Kaminer, emprisonnée cent cinquante jours pour refus de servir une armée d’occupation, raconte : « Cela fait partie de la problématique générale de ce pays, tout est relié à la peur ». Que dire d’Omer Goldman, fille d’un général membre du Mossad, dont le père promettait de venir lui jeter des cacahuètes en détention, où il n’est finalement jamais venu la voir...
Christophe Goby

1.Omri Baranas, 18 ans en 2016, Tel-Aviv. « Tout a commencé par une prise de conscience simple : je suis contre le fait de prendre une vie. J’ai rapidement réalisé que je ne pourrais pas faire partie d’une structure violente comme l’armée. Chez moi, on ne parle pas de politique, je ne savais pas ce qu’était l’occupation des territoires palestiniens. Lorsque je me suis rendu en Cisjordanie, ça a été un électrochoc. J’ai passé 67 jours en prison ».
2. Omer, 20 ans en 2009, étudiante, Tel-Aviv. « Le système de l’armée fonctionne bien. Il ne laisse pas le temps de réfléchir. Je pense que les jeunes Israéliens doivent connaître la situation des Palestiniens pour pouvoir choisir s’ils font ou non l’armée. Mon père est un général important, il a été vice-président du Mossad. Nous sommes à l’opposé l’un de l’autre. J’ai passé deux mois en prison. Ça a été difficile, j’ai perdu cinq kilos ».
3. Raz, 26 ans en 2016, cinéaste. « J’ai passé quatre mois en prison. L’armée en Israël est une façon de construire les classes sociales. Si vous êtes d’origine russe, druze ou éthiopienne, vous n’aurez pas un bon job dans cette structure. En revanche, si vous êtes ashkénaze, que vous venez des beaux quartiers, vous pourrez avoir des boulots plus intéressants ».
4. Ben Oron, 34 ans en 2016, agriculteur, Tel-Aviv. « En 1988, mon père a passé 40 jours en prison. Il était dans le mouvement La Paix maintenant et refusait d’aller servir l’armée à Gaza. J’étais très jeune quand j’ai accompagné ma mère à une manifestation pour le soutenir. J’ai décidé que je n’irai pas non plus. L’armée me prenait ma liberté et me faisait entrer dans un système hiérarchisé ».

Refuzniks , Martin Barzilai, éd. Libertalia, 2017, 197 p., 20 €

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