Article Actions pour la paix Paix et non-violence

La non-violence dans la révolution syrienne

Guillaume Gamblin

Un livre coédité par Silence vient mettre en lumière l’importance de la résistance civile dans le conflit syrien, et dans les premières années de la révolution syrienne en particulier.

L’image que notre environnement médiatique nous donne du conflit syrien est celle d’un simple affrontement armé entre diverses factions, avec une population civile prise au piège au milieu. Les civil·es seraient les victimes, passives, de cet affrontement entre forces armées opposées, les seules réellement actives. C’est un peu comme si l’on réduisait la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale aux actions armées des maquis, en oubliant les nombreux actes de résistance civile tels que les imprimeries clandestines, les familles et enfants cachés, etc.

La force du mouvement civil syrien

Cette vision passe sous silence l’importance qu’ont pu revêtir des formes de résistance civile, durant les premières années de la révolution en particulier. Tout se passe comme si cette voix populaire avait été enfouie sous le vacarme des balles et des obus. Leila Shrooms, opposante civile syrienne, regrette « qu’il y ait peu d’attention portée à la base sociale de l’opposition civile ».
Celle-ci cite les centaines de comités locaux, initiés en 2011 par l’anarchiste Omar Aziz, qui ont organisé l’aide humanitaire, supplée l’administration civile déficiente ou détruite, documenté les violations des droits humains et organisé des actions de protestation et de désobéissance civile (grèves, refus de payer les taxes,etc.).
La Coordination des comités locaux, qui regroupe certains d’entre eux, s’est opposée à la résistance armée locale ainsi qu’à l’intervention militaire internationale.
Des organisations de jeunes indépendant·es de tout parti, d’étudiant·es, de kurdes, sont très actives également. Les médias indépendants, inexistants avant la révolution, se sont multipliés. « Jours de liberté » est le rassemblement de plusieurs groupes non-violents. Ils ont organisé en 2012 la première grève générale depuis 40 ans de régime Baath, qui a été un énorme succès.
Il ne faut pas rêver cependant. Étant donnée la violence du conflit, beaucoup d’initiatives civiles ont dû s’arrêter, d’autre ont dû se recentrer sur l’aide humanitaire. Mais Leila Shrooms regrette que « la plupart de ces initiatives n’ont pas de soutien et ne rencontrent pas de solidarité à l’extérieur de la Syrie ».
Le moins que l’on puisse faire semble donc être de nous informer sur l’ampleur de ces initiatives civiles, de faire connaître celles qui existent encore aujourd’hui, et de les soutenir dans la mesure du possible.

Le livre Non-violence dans la révolution syrienne
Silence co-édite en 2017 avec Les éditions libertaires le livre Non-violence dans la révolution syrienne, recueil de témoignages et d’analyses sur cette dimension méconnue de l’un des conflits majeurs de notre décennie. Du rôle des femmes dans les mouvements de protestation aux actions créatives pour déstabiliser le pouvoir d’Assad, des centaines de comités locaux qui ont mis en place une forme d’auto-organisation populaire, à des réflexions sur la place de la désobéissance civile dans la révolution, c’est un pan passionnant et ignoré de ce conflit qui est ici mis en avant.
■■Silence et Les éditions libertaires, 2017, 120 p., 9 €

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer