Dossier Agriculture Société

La controverse chez Kokopelli

Martha Gilson

L’association Kokopelli diffuse depuis plus de 17 ans des semences de variétés libres de droits. Elle est aujourd’hui devenue une référence en matière de biodiversité et de défense des semences. Elle ne s’est jamais revendiquée comme révolutionnaire, mais son image de lutte (contre les OGM, pour les semences libres, etc.) laissait présager un soin particulier aux conditions de travail de ses salarié·es. Pas si sûr…

Une critique des conditions salariales à Kokopelli

Au printemps 2017, Nous n’irons plus pointer chez Gaïa, ouvrage constitué essentiellement de témoignages d’ancien·nes salarié·es de Kokopelli regroupé·es dans un collectif intitulé « Le Grimm », lance un pavé dans la mare. Après trois ans de travail, plusieurs salarié·es de Kokopelli en 2013-2014 à Alès puis au Mas-d’Azil, en Ariège, dénoncent des pratiques managériales abusives et l’exploitation des salarié·es. Selon leurs témoignages, la possibilité de prendre des pauses, d’avoir accès à une mutuelle ou à des conditions de travail dignes semble absente de la structure. Un rythme de travail difficilement tenable et un climat de suspicion permanent sont dénoncés, entre autres, dans ce livre.

Une réaction épidermique sur internet

La famille Guillet — qui a fondé l’association à la fin des années 1990 et dirige aujourd’hui la structure — n’attaque pas le livre. Un article de CQFD  Kokopelli, c’est fini », juin 2017) et un autre du Canard enchaîné Graines de violence sociales », juillet 2017) font connaître le livre et amorcent un débat musclé entre partisan·es et détract·rices de l’association. Dans les commentaires, on confond souvent qualité des semences et conditions salariales, entre autres. La souffrance des aut·rices du livre est souvent oubliée. Daniel Vivas, agriculteur, raconte alors sur son site « Le Jardin des possibles » son expérience déçue d’ancien client et reprend à son compte les critiques formulées par Le Grimm.

Kokopelli  : le judiciaire comme seule réponse claire

Au-delà du débat sur les conditions salariales des employé·es de Kokopelli, l’association surprend en attaquant en justice Daniel Vivas pour diffamation en août 2017. En 2014, Kokopelli remportait de façon très médiatique son procès contre la société Baumaux, qui lui reprochait d’exercer une concurrence déloyale par la vente de semences non inscrites au catalogue officiel. La voir aujourd’hui attaquer en justice l’un de ses détracteurs écorne sérieusement l’image de « victime » de l’association.

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