Localisation : Tourbes (nord-est de Béziers) • Début des recherches en 1987 • Financement participatif, par partenariat et par vente de spiruline fraîche • 1 salarié + stagiaires + woofing • Aide à la diffusion des techniques, notamment dans les pays du Sud • Soutenu par le groupe de musique les Spiruchons
Germain, qui nous accueille, nous fait goûter de la spiruline fraîche cuisinée avec de la courgette et des épices. Un délice qui n’a rien à voir avec les pastilles de spiruline sèche que l’on trouve dans le commerce. Il nous explique que la ferme de la Roquette travaille dans plusieurs directions : développer la production de spiruline familiale, pour que chaque famille puisse disposer de spiruline fraîche, promouvoir ces techniques simples dans des pays où l’alimentation reste un problème, et enfin produire de la spiruline dans des conditions proches de celles de la nature, pour éviter l’usage d’apports chimiques comme cela se fait couramment aujourd’hui dans les fermes productrices.
Expérimenter et faire connaître la permaculture de spiruline
La spiruline se développe naturellement dans des eaux stagnantes, légèrement salées (5 g/l), alcalines (pH jusqu’à 11) et chaudes (entre 25 °C et 37 °C). Il en existe différentes variétés. La plus cultivée aujourd’hui en France est originaire d’un lac péruvien, le Paracas, mais il en existe d’autres variétés locales, comme celle de Camargue, découverte par Gilles Planchon.
La ferme de la Roquette est un lieu de recherches pour comprendre la physiologie de l’algue, ses besoins, et comment s’approcher au mieux de son développement naturel, afin d’éviter le recours à des modes de production artificiels hors sols avec des fertilisants de synthèse [1].
Le travail de recherche actuel porte sur « la production en bassin profond en contact avec un substrat argilo humique ». Cela fait suite à l’observation de l’importance du sol dans les lacs naturels de spiruline. Le sol semble être la source de nourriture de l’algue : « Il permet l’équilibre du milieu (tampon argilohumique) et l’absorption et transformation de la matière organique (spirulines mortes, etc.). » De plus, la profondeur du bassin (150 cm au lieu des 20 cm habituels) garantit une inertie de température beaucoup plus grande.
Les découvertes faites sur le lieu sont toujours libres de diffusion. Elles sont présentées régulièrement lors de formations.
Le financement est assuré en partie par la Fédération nationale des spiruliniers (qui regroupe 90 % des professionnel·les) [2], par le biais des campagnes de financement participatives en lien avec des opérations de solidarité internationale et, enfin, par des activités musicales dans les festivals militants.
Univers pour la vie
L’association Univers pour la vie a été créée en 2009 pour constituer une caravane artistique qui donne des spectacles en Afrique afin de transmettre les savoirs autour de la spiruline et de permettre l’autonomie des familles. Elle a tourné pendant un an en Afrique, principalement au Burkina Faso, mais aussi au Maroc et en Mauritanie. Au sein de la caravane se trouvent les Spiruchons, un groupe de musique qui joue du reggae, du rap et d’autres styles de musique autour du thème de la spiruline. Il intervient dans les festivals alternatifs pour collecter des fonds. Une nouveau projet est prévu en 2018 au Sahara occidental pour que les camps de réfugié·es sahraouis puissent disposer de spiruline : ils et elles dépendent actuellement à plus de 90 % de l’aide internationale.
Les résultats observés pendant le premier voyage ont été remarquables : certains enfants en malnutrition ont retrouvé leur dynamisme en quelques semaines. Outre les protéines, la spiruline contient du fer, un apport crucial pour les cas de malnutrition. La spiruline produit des protéines en consommant des milliers de fois moins d’eau que la viande ou les céréales, ce qui est particulièrement bienvenu dans les pays arides.
Sa production ne consomme pas d’énergie : le soleil suffit à assurer sa croissance. Elle est excellente pour la santé, surtout quand elle est fraîche.
En France, l’association s’attache essentiellement à faire connaître la spiruline fraîche (aliment de santé par excellence) et à en promouvoir la culture familiale.
Une Spiruchonade est organisée tous les ans, à la mi-septembre, à la ferme ; des artistes solidaires jouent alors pour des actions solidaires avec la spiruline.
Chez nous, la spiruline a trouvé un usage assez étonnant : c’est un dopant naturel que l’on trouve maintenant dans des boissons sans alcool (Spir-tonic), que les festivals mettent en avant pour éviter les dérapages liés à l’alcool.
Production familiale
Il est possible de produire sa spiruline en famille, à condition de disposer d’un peu de place. Pour cela, il faut construire un bassin de 3 m x 1 m et de 25 cm de profondeur. Rempli d’eau légèrement salée, il sera placé sous une serre, sous une véranda ou derrière une fenêtre pour assurer des apports importants de lumière et
de chaleur (la production commence autour de 22 °C et est maximale à 37 °C). Il faut assurer le brassage de l’eau (production de bulles d’air avec un appareil que l’on trouve dans les magasins d’aquarium). Cela nécessite une surveillance, mais il est possible de s’absenter jusqu’à deux semaines.
Gilles Planchon a co-écrit un livre sur la culture familiale de spiruline : La spiruline pour tous, une référence dans le domaine, permet de cultiver en toute autonomie.
Il propose régulièrement des stages de cultures (voir sur son site).
Un tutoriel sur lowtechlab.org vous éclairera sur cette culture.
Rôle épurateur
La spiruline a une action chélatrice, c’est-à-dire qu’elle a la particularité de fixer certaines molécules. Elle a été testée sur des personnes polluées par la radioactivité : elle entraîne vers les selles certaines particules radioactives (dont le césium) et réduit ainsi la contamination. De même, elle peut également servir pour faire baisser une pollution par les métaux lourds.
