Chronique Agriculture biologique L’écologie c’est la santé Santé

L’agriculture biologique peut nourrir le monde !

François Veillerette

La question de l’alimentation est au centre du débat public en ce moment. La France vient ainsi de tenir ses États Généraux de l’alimentation à l’automne dernier. Si cet exercice a surtout consisté à évoquer la question du revenu agricole, la question de la durabilité des modes de production a également été évoquée. Sous l’impulsion des ONG la nécessité de développer fortement notre agriculture biologique a été ainsi mise en avant… alors même que les aides au maintien des agriculteurs bios étaient supprimées ! Bien évidemment la résistance est forte face au dynamisme du développement de la bio. Pour les opposant·es à la bio, l’agriculture chimique serait indispensable pour…pouvoir nourrir le monde et ses 9 milliards d’habitant·es en 2050 !
C’est dans ce contexte qu’une étude essentielle est parue dans la revue Nature Communications le 14 novembre dernier. Cette étude, réalisée par un groupe de chercheu·ses européen·nes, se penche sur cette question essentielle : peut-on nourrir le monde avec l’agriculture biologique ?

Deux leviers pour réussir la transition vers le « tout bio »

La conclusion de cette étude est des plus intéressantes. Les scientifiques nous disent tout d’abord que si nous ne changeons rien à nos habitudes alimentaires on pourrait certes passer toute l’agriculture mondiale en bio à l’horizon 2050 mais au prix d’une augmentation des surfaces cultivées : de 16 à 33% de plus qu’aujourd’hui, ce qui bien sûr n’irait pas sans inconvénients importants. Mais pour les aut·rices de l’étude il est possible également de passer 100% de l’agriculture en bio sans avoir à augmenter les surfaces cultivées, en agissant sur deux leviers. Tout d’abord une réduction importante du gaspillage alimentaire sera nécessaire (pour mémoire celui-ci atteint aujourd’hui le niveau ahurissant de 30 à 40%). Ensuite il faudra limiter la consommation de produits animaux (ce qui permettra de consacrer plus de surface aux cultures alimentaires). Cette transition réduirait les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture mondiale, ce qui est également très important. Cette étude vient confirmer au niveau mondial ce que l’étude Afterres 2050 avait déjà démontré au niveau français en préconisant une agriculture à 50% biologique et la réduction de la consommation de viande, ce qui réduirait très fortement les émissions de gaz à effet de serre et l’emploi des pesticides !
Alors que le monde agricole semble avoir bien du mal à prendre le virage d’une agriculture véritablement durable, ces récentes études doivent absolument être prises en compte par les responsables politiques et agricoles. Elles montrent que, même dans un contexte préoccupant de changement climatique, on peut nourrir l’humanité sainement demain tout en respectant les grands équilibres écologiques. À leur lumière l’inaction serait donc totalement inacceptable.

En partenariat avec : www.generations-futures.fr

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