Chronique Nucléaire, ça boum ! Paix et non-violence

Nous avons le prix Nobel !

Dominique Lalanne

Le prix Nobel de la paix 2017 a récompensé la campagne ICAN, la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, constituée de 468 associations présentes dans 101 pays.

ICAN a obtenu un grand succès en 2017, celui de faire voter à l’ONU un Traité d’interdiction des armes nucléaires par une majorité de 122 États contre 1 (les Pays-Bas), alors que tous les autres pays nucléaires et leurs soutiens n’ont pas voulu participer à la conférence qui a rédigé le traité.
L’opposition des pays nucléaires a été constante. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France en tête ont essayé en vain d’empêcher ce processus d’élaboration. Ce processus remonte à une dizaine d’années et a commencé avec trois conférences internationales successives sur les « effets humanitaires catastrophiques d’une frappe nucléaire ». Un vote en décembre 2016 à l’Assemblée générale de l’ONU a convoqué tous les États pour rédiger un Traité d’interdiction. Le processus s’est terminé en juillet 2017 par le vote des 122. Le traité entrera en vigueur en 2018.
En quoi ce Traité d’interdiction et son label de qualité, le prix Nobel de la paix, peuvent-ils changer les choses ? Il est clair que cela place à nouveau la question du désarmement nucléaire en sujet majeur de la sécurité internationale. Les pays nucléaires engagent tous actuellement des programmes de modernisation de leurs arsenaux qui prévoient la pérennisation des armes nucléaires pour les 50 prochaines années. Et la préparation d’une éventuelle guerre nucléaire. Les pays nucléaires ne veulent pas du désarmement nucléaire. Cela explique leurs réactions très hostiles au traité, qui ouvre donc un conflit frontal où les pays non-nucléaires ont l’initiative. C’est un nouveau rapport de force international.

Ce traité est loin d’être un symbole

Dans chaque pays nucléaire, et pour nous en France, cela crée un contexte totalement nouveau. Car ce traité est loin d’être un symbole auquel veulent le réduire les « pro-nucléaires ». Il interdit la possession d’armes nucléaires et aussi la menace de frappes nucléaires. La soi-disant « doctrine de sécurité de la France », et la « dissuasion nucléaire » seront donc hors-la-loi à l’échelle internationale. La France, qui se veut exemplaire, devient donc un pays délinquant reconnu comme tel. Ce traité dénonce aussi tous les organismes qui sont impliqués dans les armes nucléaires. Pour certains industriels, cela peut remettre en cause des marchés importants. Dassault vend des bombardiers nucléaires à l’Inde et tous les industriels qui fabriquent des pièces pour ces avions sont concernés. Et les banques qui facilitent les programmes par leurs prêts le sont aussi. Les travailleu·ses de ces entreprises également… De nombreuses campagnes de sensibilisation peuvent créer un nouveau débat. Un débat que craignent terriblement les « pro-nucléaires » qui veulent faire croire à un consensus pour la bombe.C’est donc un appel à débat général qui nous concerne toutes et tous. La sécurité de l’humanité est en jeu.

Dominique Lalanne est co-président d’Abolition des armes nucléaires - Maison de Vigilance / Membre de ICAN, prix Nobel de la paix 2017

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