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Mutualiser le transport des produits, une bonne idée pour les paysan·nes

Marie-Charlotte Laudier

Pour alimenter les bassins de vie, les agricul·trices passent un temps considérable sur les routes. La Charrette leur permet de mutualiser leurs livraisons pour gagner du temps et de l’argent.

La Charrette, c’est une affaire de famille. Laura et Marie Giacherio sont soeurs. Âgées respectivement de 31 et 34 ans, elles sont « impliquées dans le manger-local ». Il y un an, elles ont décidé de se lancer dans la création du site internet « lacharrette. org ». « On a fait le constat que la demande de circuits courts explose, raconte Laura, et qu’en face, l’agriculture est en crise avec des difficultés pour les producteurs à bien se rémunérer ». Le noeud du problème selon les deux jeunes femmes, c’est la logistique : « Avec la multiplication des points de distribution, des producteurs consacrent la moitié de leur semaine en transports ». Une activité chronophage, polluante et coûteuse. Et la problématique s’intensifie lorsque les points de vente se trouvent dans de grands centres urbains, où la circulation est plus chaotique.
En Ardèche, Émilie Durand, maraîchère, témoigne : « L’année dernière, je livrais beaucoup d’endroits différents et éloignés pour de petites sommes, ce n’était pas rentable ». Elle se concentre aujourd’hui sur trois livraisons par semaine : « Je préfère augmenter la quantité livrée plutôt que le nombre de livraisons ». Même son de cloche pour un autre producteur, Joris Bernard : « Mon objectif est de consacrer le moins de temps possible aux livraisons », explique-t-il. « Le lieu doit se trouver sur le trajet de mon circuit de livraison, je ne vais pas faire 50 kilomètres pour vendre 10 ou 20 fromages ».

Un impact réel sur les product·rices loca·les

Si sa vocation est nationale, le site de La Charrette a été testé depuis 2017 sur le territoire de l’ex-région Rhône-Alpes. Les produc·trices inscrit·es accèdent à la « bourse au trajet ». Chacun·e renseigne le trajet qu’il ou elle va effectuer et les personnes intéressées par le voyage se mettent en relation pour régler les détails : la date et l’heure de départ, les conditions de stockage, l’éventuel transport de produits frais, ou encore le règlement (en espèces sonnantes et trébuchantes ou en échange d’un autre transport).

« On voudrait être plus solidaires, mais ce n’est pas simple dans les faits »

Soixante-dix inscrit·es à La Charrette, c’est encore peu et Laura et Marie Giacherio jugent que « cela va lentement ». « On voudrait être plus solidaires, mais ce n’est pas simple dans les faits », confie une vigneronne drômoise inscrite sur le site. Une livraison peut être décidée au dernier moment afin de répondre à un besoin urgent. Un produit à forte valeur ajoutée peut nécessiter d’être livré personnellement : « Dans le monde du vin, le contact avec le client est important, on parle millésimes, on donne des échantillons pour qu’il déguste. Quand je fais appel à des transporteurs, au bout d’un moment, la relation avec le client s’essouffle », constate la vigneronne, qui estime néanmoins que La Charrette est une bonne idée.

La Charrette, http://lacharrette.org.

En partenariat avec : www.reporterre.net

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