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Grand vent de jeunesse sur le théâtre !

Guillaume Gamblin

Voir un spectacle de la compagnie Tamèrantong !, c’est se laisser submerger par une vague d’énergie jubilatoire. Quand des enfants issus de quartiers populaires de la région parisienne se mettent dans la peau de tziganes ou de zapatistes, cela crée un résultat aussi impressionnant artistiquement que socialement et politiquement.

Dans la tsigane de Lord Stanley, 24 jeunes de Seine-Saint-Denis âgé·es de 5 à 16 ans, interprètent une histoire de Bohémien·nes s’installant près d’un village et subissant le rejet, les accusations et les attaques d’une partie de la population. À travers des péripéties mêlant l’amour et l’amitié, le récit rend hommage aux Rroms et aux autres migrant·es et livre un conte puissant sur la tolérance et la liberté. On ressort ému·es et impressionné·es de ce condensé d’énergie juvénile, qui n’a rien du spectacle scolaire de fin d’année mais excelle par sa mise en scène et son interprétation de grande qualité.

Du théâtre dans les quartiers

C’est en 1992 que Christine Pellicane, comédienne, crée une compagnie pour monter des spectacles dans des quartiers populaires. 25 ans plus tard, des troupes existent à Paris-Belleville, Mantes-la-Jolie et Saint-Denis. La compagnie assure le suivi des enfants pendant plusieurs années. [1]
Le travail théâtral est exigeant, quasi-professionnel. Mais les résultats humains sont souvent impressionnants : « Les enfants qui passent à Tamérantong sont à l’aise dans la vie, ont une large ouverture d’esprit, savent parler des problèmes du monde. Ils prennent des responsabilités, deviennent souvent délégués de classe alors qu’au départ, nombre d’entre eux s’exprimaient difficilement », témoignent des professeur·es des écoles. [2]

Construire une réflexion politique

Parmi les autres spectacles à leur actif figurent L’ île du Kra-Poh, qui parle de la tragédie des boat-people, ou encore Zorro el Zapato, qui raconte la lutte pacifique des Indiens du Chiapas pour la dignité indigène.
Embrigadement politique ? Éducation populaire, répond Christine Pellicane. « La lutte des Indiens du Chiapas dépasse leur conflit avec le gouvernement mexicain. Ils prônent le respect de l’autre, la tolérance, la dignité, le droit à la culture et l’égalité des sexes. Ce sont des valeurs universelles. De la politique au sens noble du terme. Le spectacle reprend la parole de ces Indiens pacifistes qui luttent pour la paix. Nous avons décortiqué et analysé les communiqués zapatistes puis nous les avons soumis à la réflexion des enfants lors des ateliers. Pour nous, il s’agit de théâtre citoyen et éducatif ». [3]
La compagnie associative Tamèrantong ! a créé un outil d’éducation populaire à la fois émancipateur pour les jeunes, engagé et ouvert sur le monde. Une expérience puissante et réjouissante qui mérite d’être connue.

Compagnie Tamèrantong,
36, rue de Terre Neuve, 75020 Paris,
tél. : 01 43 72 28 08,
www.facebook.com/tamèrantong.

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Notes

[1Ils et elles se retrouvent en atelier hors temps scolaire une à quatre fois par semaine.

[2Les plus difficiles à convaincre au départ sont parfois les parents, mais tout change généralement quand ils découvrent les résultats.

[3En 2001, suite à la tournée française, les jeunes acteurs ont débarqué à Mexico pour plusieurs représentations ainsi qu’une rencontre marquante avec les zapatistes insurgés. En 2003, ils sont retournés jouer au Chiapas dans les montagnes du Sud-Est mexicain.

[4Ils et elles se retrouvent en atelier hors temps scolaire une à quatre fois par semaine.

[5Les plus difficiles à convaincre au départ sont parfois les parents, mais tout change généralement quand ils découvrent les résultats.

[6En 2001, suite à la tournée française, les jeunes acteurs ont débarqué à Mexico pour plusieurs représentations ainsi qu’une rencontre marquante avec les zapatistes insurgés. En 2003, ils sont retournés jouer au Chiapas dans les montagnes du Sud-Est mexicain.

[7Ils et elles se retrouvent en atelier hors temps scolaire une à quatre fois par semaine.

[8Les plus difficiles à convaincre au départ sont parfois les parents, mais tout change généralement quand ils découvrent les résultats.

[9En 2001, suite à la tournée française, les jeunes acteurs ont débarqué à Mexico pour plusieurs représentations ainsi qu’une rencontre marquante avec les zapatistes insurgés. En 2003, ils sont retournés jouer au Chiapas dans les montagnes du Sud-Est mexicain.