Éditorial Nouvelles technologies Société

La numérisation est-elle le destin de l’école ?

Guillaume Gamblin

Le « plan numérique » lancé en 2014 en France inaugure une numérisation à grande échelle du système d’enseignement. Pour communiquer avec les parents comme avec l’administration, les enseignant·es passent par des systèmes informatiques. Pour apprendre, les enfants sont munis de tablettes. Pour enseigner, le tableau blanc interactif est de mise. Le tout dans un revivifiant bain d’ondes wifi.
Faut-il se réjouir d’une telle mutation présentée comme une indispensable modernisation de l’école ? La rejeter en bloc au nom d’une malfaisance généralisée du monde de l’informatique, de l’internet et des écrans ?
Les enjeux sont multiples entre la question des ondes liées au wifi et celle du contrôle généralisé lié aux bases de données informatiques. Entre la question de la déshumanisation liée à l’informatisation des manières de communiquer, et celle de l’accoutumance des enfants à une vie sur écran sans capacité d’autonomie en dehors de ceux-ci. Entre la question des enjeux économiques liés aux matériels informatiques et logiciels éducatifs, et celle de l’intérêt pédagogique très contesté de ces innovations techniques, et le poids écologique de ce modèle.
Face à l’échec relatif de l’école actuelle, qui décourage de nombreux enfants pourtant habités par une grande curiosité pour le monde et une envie d’apprendre, est-ce l’omniprésence des écrans qui va résoudre le problème ? Ou bien est-ce en se tournant vers des approches et des pédagogies alternatives aux cadres actuels de l’enseignement que nous apprendrons à éveiller l’intérêt, l’intelligence et la créativité des jeunes humains ?
Ce n’est pas sans provocation que nous avons titré ce dossier « Vers une école sans écran », tant il nous semble essentiel de faire un pas de côté par rapport à la marche forcée vers une numérisation sans cesse accrue de l’école - et de nos vies dans leur ensemble.

Guillaume Gamblin

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