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Paris peut-il être neutre en émissions carbone ?

Francis Vergier

Avant de réviser son plan air-climat-énergie datant de 2012, la mairie de Paris a consulté des cabinets spécialisés pour savoir s’il est possible que la capitale devienne neutre sur le plan des émissions de gaz à effet de serre.

Les émissions de Paris ont baissé de 9 % entre 2004 et 2014, le rapport de synthèse réalisé par l’Agence parisienne du climat (1) se fixe comme objectifs à l’horizon 2030 -50 % et pour 2050 -80 %. Comment y arriver ?
Actuellement les transports représentent la moitié des émissions. Il est proposé de viser à une diminution de moitié du parc de voitures individuelles, de favoriser le covoiturage pour que le taux d’occupation de ces véhicules passe de 1,1 à 2, que le fret marchandise soit déplacé en partie sur la Seine (multiplication par cinq des péniches) et sur les rails (trams-trains). Plutôt que de mettre en place un péage urbain (qui laisse entrer seulement les riches), il est préféré une extension des zones à restriction de circulation et la fermeture du périphérique. L’aide aux espaces de co-working doit favoriser le développement du télétravail et limiter les déplacements.
Le deuxième poste d’intervention est la rénovation énergétique des bâtiments. 75 % de l’habitat actuel est concerné, avec une priorité pour le logement social. Cela suppose une évolution des règlements pour assurer le financement.

Des zones maraîchères à la place du périphérique

La récupération du boulevard périphérique devrait permettre d’ouvrir 150 hectares de maraîchages… et donc de développer des circuits courts. L’incitation à une nourriture moins carnée doit faire baisser les émissions du secteur de l’alimentation. Enfin, la récupération et le recyclage doivent faire baisser la quantité de déchets.
Pour le chauffage, le plan prévoit de recouvrir 20 % des toits de capteurs solaires (soit six millions de m2). La ville de Paris devrait investir également dans des projets éoliens à proximité. Mais cela ne suffira pas… actuellement, la ville devrait gérer une forêt de 50 000 km2 pour compenser ses émissions carbone. Même en visant à une baisse de 80 % des émissions, il resterait à gérer 10 000 km2 soit sensiblement la surface de l’Ile-de-France. Où mettre une telle forêt ? En accaparant les terres de qui ?
L’une des limites de cet exercice est que Paris n’est pas isolé : la population est très dense tout autour de la capitale et le problème des émissions nécessiterait une prise en compte de l’ensemble de la métropole. Deux autres limites à cette étude : ne sont pas pris en compte les déplacements aériens des Parisiens, ni ceux des très nombreux touristes, au prétexte que les aéroports ne sont pas sur la commune. Or les aéroports parisiens représentent une part importante des émissions actuelles : au lancement du premier plan climat de 2004, cela avait été estimé à 36 % des émissions… Depuis le trafic aérien a augmenté de 27 %. En 2050, le seul trafic aérien pourrait dépasser l’ensemble des autres sources d’émissions (2).

Francis Vergier

(1) Agence parisienne du climat, http://www.apc-paris.com/
(2) Estimation du Comité régional du tourisme d’Ile-de-France, http://pro.visitparisregion.com/Optimisation-de-vos-prestations/Developpement-Durable/Bilan-carbone-R-de-la-destination

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