Dossier Culture Média Société

Un chant des possibles

Michèle Guillaud

Certaines des chorales interrogées ou rencontrées pour l’enquête de Silence participent à un réseau international de « chorales révolutionnaires », qui se réunit chaque été à Royères, dans le Limousin. Petit aperçu d’un moment intense de musique et d’autogestion.

Il en vient de partout, de toutes les villes de France… et des villages aussi, mais encore d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne… (1) Pour se rencontrer, se retrouver d’années en années, partager de nouveaux chants, en redécouvrir ou en réinterpréter d’anciens. Des chants de lutte, de toutes les luttes, féministes, antimilitaristes, anti oppressions, dans toutes les langues, à toutes les heures, sur tous les tons. Chaque chorale présente un chant qu’elle enseignera aux autres durant les rencontres et qui sera chanté ensemble lors du séjour devant un public parfois attendu, parfois pris par surprise. (2)

Chanter du matin… au matin !

Une semaine à partager, des chants surtout, mais aussi des idées, des expériences, des apéros, des préparations de repas, à improviser des spectacles, tout ça en totale autogestion. Entre 150 et 200 personnes qui, du matin au…. matin (!) unissent leurs énergies pour faire de cette semaine un moment qui résonnera pour toute l’année dans les différentes chorales et les liens tissés entre les gens.
Des gens de toutes sortes, tous âges, des studieux qui participent aux ateliers de chants avec sérieux et application, qui le soir tentent de rejoindre leurs tentes éparpillées dans les chants et les champs et s’endorment pendant que d’autres continuent à éclairer la nuit en chantant à tue tête, les voix plus éraillées, les rires plus sonores. Quand les fêtards se résignent à aller se coucher, ce sont les autres qui se lèvent pour les échauffements et qui chantent presque dès le réveil.

Pratiquer l’autogestion

Le chant fait parfois place aux discussions, sur les pratiques des chorales, plutôt « spectacle » ou plutôt en mode « action », avec ou sans chef-fe de chœur, ou encore sur les paroles des chansons. Ateliers pour les enfants, ateliers en langue des signes, échauffements, débats sur les luttes en cours ont aussi leur place.
Et tout cela est possible grâce aux équipes qui se sont chargées en amont, très en amont, de trouver un lieu capable d’accueillir autant de monde, autant de bruit, autant d’idéaux, de contacter les producteurs locaux pour assurer la subsistance, d’établir des tableaux où chacun-e, à son arrivée, s’inscrira selon ses préférences pour organiser un petit déjeuner, un épluchage de légumes, un nettoyage de sanitaires, un atelier pour les enfants, faire les comptes, etc.
La semaine commence et termine par une AG (ah les AG !!! ) , où se testent chaque année de nouvelles façons de débattre, de prendre des décisions, d’être plus démocratique, et surtout… moins long ! Une AG où se débat et décide, pour l’an prochain, de qui fait quoi, du vin inclus dans le prix de la semaine (mais pourquoi pas la bière ?), du ou des lieux de retrouvailles. Heure des bilans, de ce qui a bien fonctionné, ce qu’il convient d’améliorer, bref pour faire que ces semaines se déroulent de mieux en mieux.
« Il n’y aura pas de révolution sans chansons » disait Allende, mais en tous cas les chants sont, de tous temps, un vecteur incontournable de solidarité et d’optimisme, dont on a bien besoin en ce moment…

Michèle Guillaud

Pour participer aux rencontres des chorales révolutionnaires, prendre contact avec une chorale près de chez vous.

(1) Les chorales viennent de Saint-Etienne, Saint-Julien-Molin-Molette, Grenoble, Perpignan, Annecy, Londres, Montpellier, Limoges, Nancy, Lyon, Parme, Marseille, Toulouse notamment.
(2) Lors des rencontres de Royères, dans le Limousin, les chorales se produisent habituellement à Royères et à Tarnac.

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