Chronique Armes nucléaires Nucléaire, ça boum ! Paix et non-violence

Cinq Etats nucléaires en voie de marginalisation à l’ONU ?

Dominique Lalanne

Pendant une semaine, en mars 2017, 130 Etats se sont rencontrés à l’ONU pour élaborer un Traité d’interdiction des armes nucléaires. France, Etats-Unis et Royaume Uni ont essayé de les dissuader !

Le bilan est incroyable. L’édito de Ray Acheson, responsable de la publication quotidienne des ONG est éloquent :

"La semaine dernière a créé une transformation. Et cela non seulement en termes d’interdiction des armes nucléaires, mais plus largement en termes de relations internationales et de fonctionnement des Nations unies.

La majorité des Etats se sont réunis aux Nations unies pour démarrer les négociations sur un Traité dont les 5 membres permanents du Conseil de sécurité ne veulent pas. Déjà cela constitue en soi un changement significatif. On nous avait dit que c’était impossible de s’opposer à ces « pouvoirs ». Or, non seulement nous avons obtenu une pression, mais, encore plus, un dynamisme.

Et tout ceci à travers les « Etats faibles », la société civile, et les organisations internationales, engagées ensemble dans un dialogue interactif, qui a mis en évidence la nature collaborative unique de ces négociations.

Le courage qui a conduit les Etats à négocier ce Traité et l’esprit de collaboration pour s’engager avec des ONG ont permis le succès de cette initiative. Ces ingrédients essentiels devraient permettre de finaliser le succès au mois de juillet, ce que la Présidente de la conférence, l’Ambassadrice du Costa Rica, Elayne Whyte Gomez, a affirmé être « un objectif atteignable ».

Sur la base du débat de la semaine dernière, Elayne Whyte va préparer un texte « brouillon » pour le Traité, qui sera distribué aux Etats participant à la conférence dans la deuxième moitié du mois de mai, au plus tard début juin. Les négociations vont alors reprendre pendant trois semaines à partir du 15 juin, durant lesquelles les gouvernements vont travailler sur ce texte, dans le but de conclure le Traité pour le 7 juillet.

Il s’agit d’un agenda ambitieux, mais avec la participation de bonne foi des Etats et de la société civile, il est certainement réaliste.

Entre-temps, l’opposition et la pression des gouvernements qui ont boycotté ces négociations vont certainement se faire sentir. La stigmatisation des armes nucléaires, qui résulte du processus en cours pour les interdire, est déjà en train d’affecter la perception de la légitimité des positions des Etats concernés.

Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, le Traité d’interdiction des armes nucléaires n’est pas une fin en soi. Il sera un catalyseur comme cela a déjà été le cas pour le processus de sa négociation. Il y a beaucoup de travail à faire devant nous, et, une fois que ce Traité sera bien établi, il y aura encore plus de travail pour finaliser son entrée en vigueur, le faire signer et ratifier, et naturellement pour atteindre le but global du désarmement nucléaire.

Ce que nous avons vu jusqu’à présent nous montre que c’est possible".

Dominique Lalanne

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