Brève Chronique Armes nucléaires Paix et non-violence

Un traité d’interdiction des armes nucléaires en 2017

Dominique Lalanne

C’est la nouvelle historique de l’année 2016 ! Le 27 octobre dernier, il a été voté à l’ONU, à une majorité de 76 %, la décision de rédiger et d’ouvrir à signature un traité d’interdiction totale des armes nucléaires en 2017. C’est le résultat de plus de 3 ans de travail lors de conférences internationales sur les « effets humanitaires catastrophiques d’une frappe nucléaire » et du soutien de toutes les ONG internationales de la campagne ICAN (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires).

Evidemment la France a voté contre. Ainsi que les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni et Israël… Mais les autres Etats nucléaires, la Chine, l’Inde et le Pakistan se sont abstenus, montrant par là qu’ils ne désapprouvent pas un tel processus. Quant à la Corée du Nord, elle a voté pour, un paradoxe ou une provocation ?

La clef de l’abolition des armes nucléaires est détenue par les Etats qui ont de telles armes ou qui bénéficient d’un « parapluie nucléaire » dans une alliance avec un pays nucléaire. En premier lieu les pays de l’OTAN. Or, fait significatif, les Pays-Bas qui hébergent une base avec une vingtaine de bombes nucléaires américaines se sont aussi abstenus de voter contre cette résolution. Un début de fissure dans la doctrine de l’OTAN ? Cette attitude fait suite à la décision du parlement hollandais de souhaiter un tel traité. La fissure dans l’OTAN pourrait bien s’agrandir car le Parlement européen a voté une résolution demandant aux Etats européens de participer à l’élaboration de ce traité !

Sécurité physique et sentiment de sécurité

Comment sommes-nous concernés en France par cette dynamique ? En premier lieu car elle donne du poids à la demande de désarmement nucléaire de notre pays. Et avec l’argument d’améliorer la sécurité internationale ! C’est précisément la pomme de discorde entre partisans et adversaires du désarmement nucléaire. Ses partisans annoncent que l’arme nucléaire nous met en « sécurité » mais sans se soucier de quelle « sécurité » ! Car il s’agit d’un « sentiment de sécurité » et non d’une « sécurité physique ». Pour prendre des exemples simples, « la ceinture de sécurité » dans notre voiture assure une « sécurité physique » tandis que le panneau indicatif « Pour votre sécurité, ne pas s’approcher du précipice, barrière vétuste » n’est qu’une indication, une dissuasion diraient les militaires ! Une dissuasion qui ne dissuade pas tout le monde et dans ce dernier cas les enfants ou les téméraires ne sont-ils pas en danger ?

L’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis va-t-elle changer la donne ? Quoi qu’il en soit, la campagne électorale que nous allons traverser en 2017 est la bonne occasion de lancer ce débat. Pour notre sécurité, l’arme nucléaire doit être éliminée, en France, dans le monde, partout. Mieux, elle doit être abolie, comme le fut l’esclavage. En premier lieu, sa possession doit être interdite. Il faudra questionner les candidat-es de 2017 sur leur intention ou non de soutenir un tel nouveau traité.

Dominique Lalanne

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