Brève Chronique Armes nucléaires Paix et non-violence

Essais nucléaires interdits ?

Dominique Lalanne

Cela fait 20 ans. En 1996 était proposé un « traité d’interdiction complète des essais nucléaires », le TICEN. Mais seuls trois pays nucléarisés l’ont signé et ratifié, la Russie, le Royaume-Uni et la France. Les autres, États-Unis, Chine et Israël l’ont signé sans ratification et l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord refusent toujours de signer.
Le bilan de ce traité est d’avoir quasiment obtenu un moratoire sur les explosions de bombes nucléaires. Après avoir réalisé plus de 500 essais atmosphériques et plus de 1500 essais souterrains, les pays nucléaires ont accepté un moratoire de fait. Seuls l’Inde et le Pakistan ont procédé à un essai et la Corée du Nord à cinq. Mais la volonté de modernisation des arsenaux nucléaires n’a pas diminué pour autant. Les essais continuent sous une autre forme.
Le traité TICEN précise qu’il est interdit « d’effectuer des explosions expérimentales ». La France est un bon exemple de violation du TICEN. Avec un centre à Valduc près de Dijon pour moderniser l’étage d’amorçage des bombes nucléaires et un centre près de Bordeaux avec le laser Mégajoule pour mettre au point une bombe nucléaire déclenchée au laser, les essais en laboratoire ont la vie belle.

De Valduc à Mégajoule, la France viole l’interdiction des essais

À Valduc, toutes les bombes nucléaires viennent faire un séjour pour leur maintenance. Mais en plus, une nouvelle installation est construite en commun avec les Anglais, l’accélérateur EPURE. Il permettra d’envoyer des rayons X en un milliardième de seconde pour photographier en 3D l’intérieur d’une bombe pendant sa déflagration. Des essais pour amorcer la fusion nucléaire de la charge d’uranium ou de plutonium. De réels essais, de réelles explosions, une violation évidente du TICEN.
Au Mégajoule, c’est l’étage de la bombe H qui est l’objet de recherche. Le but est de savoir amorcer la réaction de fusion de l’hydrogène sans procéder à une désintégration de bombe au plutonium. Les essais vont donc procéder à des éclatements des isotopes de l’hydrogène, le deutérium et le tritium. Le tout dans une enceinte blindée métallique. Celles-ci pourront atteindre l’équivalent de 5kg de TNT, une bonne petite bombe et une vraie explosion nucléaire. Encore une violation évidente du TICEN !
Quelle conclusion apporter ? Celle que les États nucléaires violent allègrement les règles qu’ils font semblant de mettre en place pour limiter la course aux armes nucléaires. La preuve qu’ils veulent conserver indéfiniment leurs armes nucléaires. C’est la raison pour laquelle le Traité d’INTERDICTION des armes nucléaires proposé à l’ONU en décembre 2016 est l’objet de leurs craintes et de leur fureur. Un nouveau traité qui mettra clairement en évidence leur mauvaise foi.
Soyons clair : les États nucléaires sont des délinquants internationaux !

Dominique Lalanne

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