Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Sous les centrales, ça gronde de plus en plus

Monique Douillet

Katsuhiko Ishibashi, sismologue renommé, considéré comme un lanceur d’alerte, avait interpellé les autorités en 2006 sur la sous-estimation du risque sismique pour les centrales nucléaires japonaises. En 2007, suite au tremblement de terre qui a fortement secoué la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par TEPCo à Niigata, il avait également signalé le risque de conjonction entre un séisme majeur et un accident nucléaire. Les faits lui ont donné raison en 2011 !
De surcroît, selon une étude de l’université de Tohoku, dans les provinces de Tokyo et celles plus au nord (dont Fukushima), on compte deux fois plus de séismes sur les cinq dernières années qu’au cours des cinq années qui ont précédé l’accident de Fukushima.

Souvenons-nous que toutes les centrales nucléaires ont été construites sur la ligne de faille et que même celles qui ont été arrêtées peuvent déclencher un accident de grande ampleur. Pourquoi ? Dans chaque réacteur (y compris ceux qui sont à l’arrêt) il y a une piscine de stockage du combustible pleine de déchets hautement radioactifs. Or, particularité japonaise, la piscine est construite au-dessus du réacteur. A Fukushima, la piscine du réacteur n° 4 a pu être vidée. Heureusement, car le bâtiment, fragilisé, risque de s’effondrer. Actuellement, TEPCo travaille pour vider les piscines des réacteurs 1, 2 et 3 ; mais le taux de radioactivité y est tel que tout doit être fait avec des robots. Ces trois piscines ne résisteraient pas à un nouveau séisme de la force de celui de mars 2011. D’autant que les enceintes de confinement ont disparu dans l’accident.

Pour bien mesurer l’ampleur du risque au quotidien, voici, à titre d’exemple, la liste des plus importants séismes qui se sont produits en avril 2016. Il faut savoir que la terre, au Japon, tremble tous les jours et que les séismes sont « destructifs » à une magnitude supérieure à 6.

1er avril : séisme de magnitude 6,1 au large de la préfecture de Mie (400 km à l’ouest de Tokyo).
14 avril : très fort tremblement de terre dans la province de Kumamoto (sud-ouest du pays), de magnitude 6,4 suivi une heure plus tard d’une réplique à 5,7, puis de nouveau 6,5. Plusieurs bâtiments de la ville de Mashiki se sont écroulés ou ont pris feu. 9 morts, 900 personnes hospitalisées et 44 000 évacuées.
16 avril : séisme de magnitude 7,3 à 90 km de la centrale nucléaire de Sendai. Arrêt des liaisons téléphoniques dans toute la région, 40 morts, 2000 personnes hospitalisées, écroulement de maisons et immeubles, 180 000 personnes à reloger, routes coupées. Le Shinkansen (TGV japonais) arrêté depuis la secousse du 14 avril. 745 000 foyers privés d’électricité, 25 000 membres des forces d’autodéfense mobilisés.
23 avril : alors que les médias internationaux n’en parlent plus, les séismes se poursuivent. 10 000 maisons détruites. 80 à 90 000 personnes dorment dans des abris d’urgence, dans les voitures ou campent sur les parkings.
Il y a eu plus de 1000 séismes rien que sur les 4 premiers mois de l’année 2016 dans le sud-est du Japon.

Monique Douillet

Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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