Brève Chronique L’écologie c’est la santé Santé

Avec les riverains victimes des pesticides

François Veillerette

L’association Générations Futures a l’habitude de recevoir, entre mars et septembre de chaque année, des centaines d’appels de personnes vivant dans des zones où les cultures poussent avec force pesticides. Certes les situations varient, surtout au gré des cultures, mais globalement les échanges avec ces victimes sont toujours les mêmes. Un agriculteur pratiquant la culture intensive, des épandages par beau temps, une famille vivant dans une maison avec jardin qui jouxte la zone pulvérisée et où des enfants batifolent entre la balançoire et le trampoline… Souvent, c’est la maman qui appelle l’association parce qu’elle a peur pour la santé de ses enfants, parce qu’elle ne sait pas ce que l’agriculteur épand de l’autre côté de la clôture, parce que quand le tracteur est passé et qu’il a épandu son produit « ça sent mauvais, ça jaunit le linge, ça salit les vitres, ça pique les yeux et les enfants ont des maux de tête… ».

Un collectif de médecins engagé-es

Et puis, l’agriculteur a fait ça alors qu’il y avait du vent, nous dit-elle. « Est-ce légal ? » nous demande-t-on. Non, Madame ce n’est pas légal, car un arrêté du 12 septembre 2006 l’interdit. Alors on prodigue des conseils. En cas de doutes sur les symptômes, on conseille de consulter un médecin. Mais on met en garde. Il y a de grandes « chances » pour que le médecin ne soit pas très au fait de l’impact des pesticides sur la santé. Peut-être qu’il faudra lui proposer de se rapprocher de médecins plus spécialistes comme ceux de l’association Alerte Médecins Pesticides (AMLP) qui ont lancé un appel signé par plus de 1600 médecins s’inquiétant de l’impact de ces toxiques sur la santé. On lui propose, si ce n’est pas encore fait, d’engager le dialogue avec l’agriculteur mais on la prévient, ce dernier pourrait ne pas être très collaboratif. On l’informe aussi sur le fait qu’elle peut déposer plainte si elle constate des infractions comme le non-respect des règles d’utilisation des pesticides mais là aussi on prévient : les services de l’Etat et les représentant-es de l’ordre pourraient traîner des pieds sur le sujet.

Se rassembler pour sortir de l’isolement

Tous les ans ce sont ainsi des centaines de personnes qui nous contactent parce qu’elles sont, à des degrés divers, menacées par des pulvérisations de pesticides. Isolées dans leur village elles ne savent, la plupart du temps, pas quoi faire pour que cela change, pour enfin ne plus avoir l’impression de vivre avec une menace permanente sur leur santé et, surtout, celle de leurs enfants. Afin de faire sortir ces personnes de leur isolement et de les rendre enfin visibles - condition nécessaire pour qu’elles soient enfin reconnues comme victimes - Générations futures a décidé en avril 2016 de mettre tous ces témoignages en ligne sur un site internet dédié (www.victimes-pesticides.fr). Ces centaines de témoignages, textes, photos et vidéos témoignent de la réalité de la menace qui pèse sur ces populations.
Pour que cela change il faut continuer à rendre ces populations visibles. Alors si cette situation vous concerne directement ou si vous connaissez des personnes qui souffrent de subir cette exposition aux pesticides, témoignez ou faites-les témoigner… Pour que cela cesse !

François Veillerette

Générations Futures
www.generations-futures.fr

• Alerte Médecins Pesticides, 18, rue Séverine, 87000 limoges, www.alerte-medecins-pesticides.fr

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer