Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Santé, surtout ne pas savoir !

Monique Douillet

Résumé de la publication en français d’un rapport par l’IPPNW, Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire sur les conséquences sanitaires de la catastrophe, sortie en mai 2016.

Il s’agit d’une vaste compilation d’études scientifiques de différents pays.
Des études sur les papillons, par exemple, montrent d’importantes mutations génétiques. Comme les insectes se reproduisent rapidement, elles apparaissent tout de suite, alors qu’il faut plus de deux générations pour mesurer les conséquences sur les humains.
De manière générale, on a constaté une réduction du nombre d’oiseaux, de papillons et de cigales proportionnelle à la radioactivité ambiante de la zone étudiée.

Les médecins qui ont réalisé ce rapport s’étonnent des écarts d’estimation de radioactivité entre les données officielles et celles mesurées par des études indépendantes.
Ils dénoncent le fait que l’Université de médecine de Fukushima, qui coordonne le programme de dépistage du cancer de la thyroïde soit financée en partie par l’AIEA*, Agence notoirement liée au lobby nucléaire. Mis à part l’étude sur les cancers de la thyroïde chez les 116 enfants qui souffrent déjà d’un cancer à évolution rapide, aucune autre recherche n’a été entreprise sur l’augmentation des fausses couches, malformations fœtales, leucémies, lymphomes, tumeurs solides et maladies diverses. Ceci, alors qu’on sait qu’autour de Tchernobyl toutes sont encore en augmentation 30 ans après.

Les mêmes médecins demandent que des études épidémiologiques soient lancées en distinguant 4 catégories de population :
— les 25 000 personnes qui sont intervenues sur le site dans les premiers jours de l’accident et ont été très fortement contaminées
— les 200 000 évacués qui ont reçu des doses importantes initialement
— les non évacués qui continuent à recevoir chaque jour des doses de radioactivité
— le reste de la population du Japon, exposée à des rayonnements à faibles doses, mais qui ingère de l’eau et des aliments contaminés.

Si l’on se base sur les chiffres du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR, un organisme pro-nucléaire), on peut attendre une incidence de 10 000 cancers au Japon dans les décennies à venir. Si l’on prend en compte des données et des facteurs de risque plus récents, les estimations sont de quelque 66 000 cas de cancer supplémentaires, dont la moitié mortels.

Comment se peut-il qu’on ignore encore quelle quantité de radiation a été réellement émise en mars et avril 2011 ? Et combien il s’en est échappé depuis des réacteurs en ruine et du site de la centrale ? En d’autres termes, les informations de base concernant la contamination du sol, de l’océan et de la nourriture sont encore un sujet de controverse entre le lobby nucléaire et les scientifiques indépendants.

Monique Douillet

* AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique
Site de la section française : Association des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire - http://amfpgn.org/site/category/qui-sommes-nous/amfpgn-presentation/

Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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