Dossier Environnement transports vélos

Former la future génération plutôt que changer l’actuelle

Olivier Schneider, président de la fédérations des usagers de la bicyclette (FUB), analyse les freins à la pratique du vélo chez les plus jeunes et donne des pistes pour rendre la prochaine génération plus cycliste qu’automobiliste.

Aux Pays-Bas, les parents apprennent à leurs enfants à faire du vélo. Il y a tout un programme à l’école, qui n’est de toute façon même pas nécessaire car les enfants viennent déjà à l’école à vélo, d’abord comme passagers puis sur leur propre monture. En France, la faible pratique des parents fait qu’on ne peut pas compter sur eux pour la transmettre aux enfants.
Aujourd’hui, les enfants apprennent le code de la route mais cela ne suffit pas : ils doivent être agiles sur un vélo et apprendre à se déplacer en dehors d’un milieu sécurisé. Or, ce qu’on leur enseigne est plutôt une préparation à être un jour automobilistes.
Le vélo est abordé sous l’angle de la sécurité routière. On nous répète qu’en tant que piéton, il faut faire attention avant de traverser un passage piéton ; quand on passe au vélo, c’est pareil : on entend : « Attention, mets ton casque. » Partir du principe que le vélo est dangereux n’est pas une incitation à la pratique ; au contraire, cela fait peur. Le discours ne développe pas le fait que pratiquer une activité physique est bon pour la santé.

Acquérir une « culture vélo »

L’acquisition précoce d’une « culture vélo » constitue pourtant un bon investissement à moyen et long terme pour favoriser le développement des déplacements de ce type. Réussir à mettre les enfants au vélo en CM2, au lieu de vouloir faire changer la pratique d’adultes qui ont roulé toute leur vie en voiture, est un bien meilleur pari.
Se déplacer en groupe est tout un art, mais les enfants ont aussi besoin de savoir se déplacer de façon autonome, et, pour cela, d’acquérir suffisamment d’agilité et de goût du vélo. De leur côté, les parents qui les y autorisent leur permettent de prendre confiance. Mais en général, ils ont peur…
Si les enfants ne vont pas à vélo au collège, ils passent ensuite rapidement le brevet de sécurité routière et, à leur anniversaire, ils demandent un scooter qui, lui, pose un véritable problème de sécurité routière ! Il y a là un double enjeu de sécurité et de santé publique.
Le stationnement à l’école pose également un problème : on trouve une petite dizaine de places de vélos par établissement, ce qui représente le quart de l’effectif d’une seule classe. Le parking est en général caché derrière le collège, facilitant ainsi les vols et la dégradation.
Aux Pays-Bas et en Allemagne, on apprend à faire du vélo pendant les cours d’éducation physique et sportive. C’est plus qu’une activité physique, puisque c’est un mode de transport. On pourrait consacrer une partie des modules de sport à la pratique du vélo et au développement de l’agilité (on voit par exemple fréquemment, dans ces deux pays, des personnes circulant sur un vélo en en poussant un autre, ou sans les mains, etc.).
En France, dans les écoles, on met à disposition des ordinateurs, des tablettes, mais pas encore de vélos…

Anaïs Zuccari

Un vélobus qui fonctionne en Poitou-Charentes

Aujourd’hui, en France, 70% des enfants sont déposés à l’école en voiture, ce qui occasionne, outre la congestion et la pollution autour des établissements scolaires, un cercle vicieux en termes de sécurité. Plus il y a de voitures, plus c’est dangereux, donc plus la voiture est obligatoire pour contrer le danger.
Pour y pallier, des Vélobus se développent, selon le même principe que les Pédibus.
Mis en place à l’initiative d’une école et/ou de parents, appuyés logistiquement par la municipalité, ces convois de vélos sont menés par des adultes le long d’un trajet vers une école donnée, en passant par plusieurs arrêts indiqués par des panneaux.
En France, les Pédibus ne sont pas rares. Les Vélobus, qui supposent une logistique différente et plus contraignante, sont au contraire peu nombreux.
A Brie, en Charente, village d’un peu plus de 4000 âmes, un vélobus fonctionne avec succès pour la septième année consécutive. Cette initiative a vu le jour sur l’idée de parents d’élèves, et a impliqué ensuite, pour sa mise en place, tant les enseignants que la mairie et l’académie. Une association, Caravélo, a été créée en 2009, et les trajets continuent aujourd’hui grâce à un véritable engagement de la part d’adultes bénévoles.
Cette année scolaire, près de la moitié des 125 élèves de l’école primaire de la Prévoterie rejoignent quotidiennement leur classe en pédalant. Trois lignes différentes convergent vers l’école, et 30 adultes accompagnateurs sont aujourd’hui engagés dans la démarche à tour de rôle ; la règle veut que 2 adultes encadrent 6 à 12 enfants au maximum, un-e à chaque extrémité du peloton d’écoliers sportifs.
Depuis son lancement en mai 2008, le nombre de voitures à la sortie de l’école a drastiquement diminué. Une vraie victoire en termes de sécurité et de pollution, ainsi qu’un gain de qualité de vie : moins de stress, plus d’activité physique. Enfants, parents et accompagnateurs signent une charte de sécurité au moment de l’inscription : les adultes suivent une formation pour escorter les enfants, ces derniers passant le « permis vélo » avant de rejoindre le groupe. Tout le monde est obligatoirement équipé d’un casque et d’un gilet jaune.
Là encore, comme le souligne le président de la FUB, on met l’accent sur la sécurité et la notion de danger, ce qui s’entend, mais peut parfois être dommageable pour acquérir la confiance nécessaire à de futurs cyclistes autonomes. AZ

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