Éditorial

Jusqu’où la non-violence est-elle possible en situation de guerre ?

Guillaume Gamblin

Sommes-nous en guerre ? Suite aux affirmations martiales du président français, le débat est présent dans la France de l’après-13 novembre 2015. Pour certains, les attaques sanglantes de Paris ont été vécues comme une véritable déclaration de guerre, qui appelle une riposte elle aussi sanglante, dans tous les cas « virile ».
Pour d’autres, une guerre conventionnelle engage deux Etats et deux armées et est régie par des règles qui ne s’appliquent pas aux attentats pratiqués par des groupes comme Daech. Enfin, certains estiment que la France est de toute façon en guerre au-delà de la situation actuelle au Moyen-Orient par ses nombreuses interventions militaires en Afrique notamment.
Le philosophe Frédéric Gros estime quant à lui que les concepts de guerre et paix sont devenus obsolètes dans le monde contemporain. Il parle d’ « états de violence » ayant une temporalité qui brouille la frontière entre temps de paix et temps de guerre. Chaotiques, souvent urbains, liés à des intérêts privés, ceux-ci sont à la fois perpétrés majoritairement par des civils et touchant avant tout des civils. [1]
Face à la complexité de certains « états de violence » tels que celui que vit le Moyen-Orient actuellement, nous avons parfois l’impression qu’il faut se résigner à la « realpolitik » et à son cortège d’interventions militaires.
La non-violence est-elle muette et impuissante dès lors que les armes ont commencé à parler ? C’est ignorer la variété des outils que contient la palette des actions possibles. Sans prétendre vouloir tout résoudre, la non-violence a sans doute une place à prendre au sein même des guerres et des conflits armés. C’est le périmètre de cette action que ce dossier se propose d’explorer.

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Notes

[1Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, Gallimard, 2006

[2Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, Gallimard, 2006

[3Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, Gallimard, 2006