Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Santé, sécurité, camouflage et camouflets

Monique Douillet

Santé

Merci patron ! L’OMS et différents groupes pronucléaires japonais organisent un symposium sur la radioprotection des enfants pour « mettre fin aux rumeurs négatives » sur leur santé, autour de Fukushima. La rencontre bénéficie de mécènes comme LVMH.

Aveux différés : Depuis le début de l’accident, 46 181 personnes ont travaillé sur le site, dont 41 502 sous-traitants. TEPCO reconnaît que des dizaines de milliers d’ouvriers ont reçu de fortes doses de radioactivité. Le risque de cancer apparaît dès le seuil de 5 millisieverts, sur cinq ans… or plusieurs centaines d’ouvriers ont cumulé plus de 100 millisieverts et l’un a même dépassé 600. Les cancérologues estiment que de telles doses peuvent provoquer des cancers de la thyroïde, des poumons, de l’estomac, du côlon…

Cancers de la thyroïde :
au 31 décembre 2015, 166 cas de cancers de la thyroïde ont été officialisés chez des enfants et des jeunes de moins de 19 ans, dont 116 ont fait l’objet d’une intervention chirurgicale. Une seconde recherche, en a comptabilisé 51 de plus le 15 février 2016. Comme cela avait été constaté à Tchernobyl, les cancers commencent à se manifester en nombre croissant 4 ans après l’accident.

Sécurité

* Un laboratoire indépendant fait des mesures régulières dans des rizières de Tochigi. Alors que le discours officiel annonce une baisse, le laboratoire indique qu’il trouve des contaminations en hausse et exige des contrôles sur le riz produit.
* La NRA, autorité de sûreté, publie un nouveau rapport sur la faille qui passe sous le réacteur n° 1 de la centrale de Shika : celle-ci pourrait être active.
* Greenpeace publie un dossier qui constate l’impact quasi nul de la décontamination menée depuis cinq ans autour du site de Fukushima. Les sols ne sont grattés de 20 cm que jusqu’à 20 mètres des routes et des maisons. Or 70 % de la préfecture est boisée et donc non nettoyable. Par ailleurs, la radioactivité s’échappe toujours du site, recontaminant ce qui a été nettoyé.

Camouflages et camouflets

Communication inadéquate : TEPCO reconnaît une communication inadéquate, mais refuse le terme de « camouflage » employé par une enquête parlementaire pour dénoncer son refus d’utiliser le terme « meltdown » (fusion du cœur) qui est pourtant clairement défini comme « endommagement d’un cœur de réacteur excédant 5 % ».
Fondement scientifique : la ministre de l’Environnement a affirmé que le retour à un niveau de radioactivité de 1 mSv par an n’avait aucun fondement scientifique. Devant l’ampleur du tollé, elle a fait machine arrière : « le gouvernement vise bien à revenir au dessous de ce seuil, à long terme. »
Le nucléaire peine à redémarrer : un tribunal japonais donne raison aux plaignants et ordonne l’arrêt des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama. Le réacteur 3 a commencé à produire de l’électricité en février 2016, le 4 était à l’arrêt suite à une panne intervenue dès le début de sa mise en route. Il ne reste donc que les deux réacteurs de Sendai en fonction.

Monique Douillet

Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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