Numéro 444 - avril 2016


Coopératives, question de taille

Les coopératives, c’est bien, mais la démocratie interne reste toujours un défi majeur, d’autant plus quand elles grossissent et atteignent des tailles importantes. Comment l’autogestion est-elle possible à plusieurs dizaines, centaines, voire milliers ? Comment les différentes coopératives affrontent-elles ce défi : limiter leur taille ? Réduire leur vitesse de croissance ? Essaimer ? Un dossier qui se penche sur la question.

• Dossier

Coopératives, question de taille

Les coopératives perdent-elles leur âme en grossissant ?

En grossissant, les coopératives alternatives sont-elles condamnées à rentrer dans le rang ou peuvent-elles trouver comment grossir autrement ?

« Ce qui prime, ce n’est pas la taille, c’est l’animation de la vie coopérative »

Professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), Jean-François Draperi est spécialiste de l’histoire des coopératives et du monde coopératif en général.

 
A la Nef, cinq personnes à temps plein sur la vie coopérative

La Nef compte aujourd’hui 37 000 sociétaires et 80 salariés. Une taille qui nécessite une animation spécifique de la vie coopérative. Ils sont cinq à ne faire que ça.

Essaimer plutôt que grossir

Quand on demande à Ambiance Bois (25 salariés) ce que veut dire pour elle un changement d’échelle, la réponse se résume dans un mot : essaimage. Témoignage de Rémy Cholat, l’un des coopérateurs de l’entreprise.

 
Ardelaine : « La bonne taille, c’est quand les pieds touchent par terre »

La taille d’une coopérative est une vraie question, mais on peut difficilement en parler sans l’associer à la temporalité. Avoir les pieds sur terre, c’est aussi rester ancré sur son projet et garder ses racines vivantes.

Obstacles, contraintes et initiatives

La question de la croissance des structures alternatives ne peut pas se penser en dehors d’un contexte plus général. Celui-ci impose des contraintes que des structures arrivent ou non à contourner. 

• Articles

Accueillir des étrangers malades

Le récit des pratiques médicales d’accueil des étrangers malades dans le Bas-Rhin interroge à la fois les conditions de l’engagement des médecins et le double langage des institutions publiques. 

 
Mais que font les volontaires de paix dans les zones de conflits 

Voici un exemple très concret de l’action de l’organisation Non-Violent Peaceforce engagée depuis 2010 au Soudan du Sud où les terribles conflits continuent malgré l’ « accord de paix » d’août 2015. 

 
Améliorer le stockage de notre électricité renouvelable

Un des principaux arguments ressassés régulièrement, remettant en cause le développement massif de l’éolien et du photovoltaïque pour arriver à 100 % d’électricité renouvelable, c’est que leur production est intermittente, et pas en phase avec les besoins.

Contre Center Parcs et son monde

Cela fait plus d’un an que le chantier du Center Parcs de Roybon (Isère) est interrompu par une occupation et des recours devant le tribunal administratif. Ce mouvement tente de préserver cet endroit de la prédation capitaliste. En 2016, un jugement du tribunal administratif de Lyon sera décisif pour la suite du conflit.

 
En Grèce, une structure autogérée au secours des réfugiés

Devant l’afflux incessant de réfugiés sur l’île grecque de Lesbos, un groupe de citoyens a décidé d’occuper un parc public afin de les y accueillir décemment. Les autorités locales ne proposant rien face aux dizaines de bateaux quotidiens, elles tolèrent le camp autogéré de Platanos. Un seul objectif : venir en aide aux réfugiés.

Déradicalisation à gogo(s)

Chaque journal, magazine, revue, télé et radio y va de son petit couplet sur la nécessaire « déradicalisation » des jeunes Français partis ou tentés de partir se battre avec les jihadistes de Daech. Participons à cet effort national 

Réquisition citoyenne de chaises

Les membres de la campagne Action Non-Violente COP21 ont décidé de réquisitionner des chaises de banques françaises impliquées dans l’évasion fiscale pour leur demander de restituer en échange les biens volés à la société. 243 chaises ont ainsi été réquisitionnées dans 39 banques lors d’actions non-violentes et à visage découvert en 2015. 

• Chroniques

Écologie pratique : Jardiner au naturel

Bonnes nouvelles de la Terre : A Roybon, la ZAD oubliée retrouve l’esprit de la forêt

100 dates féministes pour aujourd’hui : 5 octobre 1975 : marche des femmes à Hendaye contre le franquisme 

En direct de nos colonies : Burkina Faso : la fin du coton Bt mais pas des OGM ?

Catastrophe de Fukushima : Le vrai coût du nucléaire : une affaire d’Etat

Nucléaire ça boum ! : Dijon et ses bombes

• Brèves 

Alternatives • Femmes, hommes, etc. • Nord/Sud • Société • Politique • Nucléaire • Énergies • Environnement • OGM • Climat • Santé • Paix • Agenda • Annonces • Courrier • Livres Quoi de neuf ?

• Éditorial

Grossir ensemble 

A chaque printemps, les couvertures des magazines se couvrent de conseils pour ne pas grossir… 

Ne pas grossir est une question qui peut aussi concerner les structures alternatives, associations, coopératives… 

Pour tout groupe, le « vivre-ensemble » interpelle sur cette question : peut-on grossir sans limites ? Sans perdre son âme ? Sans être obligé de passer par des fonctionnements centralisateurs qui impliquent des prises de pouvoir parfois irréversibles ?

Pour le dossier qui suit, nous avons enquêté auprès de coopératives qui affichent des valeurs alternatives et ont connu une croissance régulière dans le temps.

Si, pour elles, la question de la taille n’est pas une finalité, elles ont conscience que cela joue sur les rapports entre les quatre types de membres impliqués dans une coopérative : les salariés, les dirigeants (salariés qui apparaissent précisément dès qu’une structure a une certaine taille), les coopérateurs (qui peuvent inclure ou non les salariés), les administrateurs (représentants des coopérateurs, non salariés).

Le milieu des entrepreneurs affirme souvent qu’une entreprise qui n’est pas en croissance est une entreprise qui périclite. Est-ce une réalité ?

Qu’elle soit voulue ou non, la question d’une « croissance sans limite » — au centre de la critique dans le débat sur la décroissance — se pose aussi pour les structures qui mettent en œuvre des modèles alternatifs au productivisme destructeur actuellement en expansion.

Ce dossier ne fait qu’entrouvrir un débat que chacun-e, dans ses activités associatives et/ou salariées, peut poursuivre. Silence est prêt à débattre avec ceux et celles qui auraient expérimenté des méthodes pour, justement, se fixer des limites.

Michel Bernard