Brève Chronique Armes nucléaires Paix et non-violence

Dijon et ses bombes

Dominique Lalanne

Valduc, à quelques kilomètres de Dijon, a la charge d’entretenir les 300 bombes nucléaires françaises, dont il faut vérifier régulièrement qu’elles sont chacune en capacité d’exploser avec 15 fois la puissance de la bombe d’Hiroshima.
Quatre-vingt-seize de ces bombes équipent l’un des quatre sous-marins lanceurs d’engins qui assurent la « permanence en mer », pour être prêt à un tir à tout moment. Une petite cinquantaine de ces bombes (le chiffre exact est classé secret-défense) sont destinées aux avions basés à Istres, près de Marseille, et quelques-unes doivent être disponibles sur le porte-avion Charles-de-Gaulle.
Leur entretien a lieu en grande partie à Valduc, les transports se font par la route, toutes ces activités étant bien évidemment « secret-défense ». Les Dijonnais sont donc les Français qui côtoient le plus de bombes nucléaires. Bien évidemment, sans le savoir.

Un centre pour moderniser les bombes actuelles

Valduc est le centre du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) voué à moderniser les bombes actuelles. De nouvelles installations sont programmées en partenariat avec les Anglais, qui viendront à Valduc pour moderniser eux aussi leurs bombes. Un accord a été signé en 2010 pour effectuer un travail en collaboration pendant... cinquante ans ! Et ce seront aussi des éléments de bombes anglaises qui viendront sur les routes dijonnaises...
Les nouvelles machines de Valduc sont des accélérateurs de particules qui créeront des flashs de rayons X pour faire des photos ultra-rapides de l’intérieur de la bombe lors du déclenchement de l’explosion et du compactage de l’amorce au plutonium ou à l’uranium. Bien évidemment, ces amorces sont remplacées par des matériaux inertes pour éviter l’explosion nucléaire ! Ce seront des photos 3D, une nouveauté pour les Français et les Anglais.

Pollution au tritium

Pour l’entretien, il est aussi nécessaire de vérifier la partie « H » de la bombe, celle qui contient du tritium, c’est à dire de l’hydrogène radioactif. Dans le passé, une pollution de tritium avait été décelée dans l’environnement de Valduc. Mais, depuis plusieurs années, l’information laisse à désirer. Les élus devraient se préoccuper d’avoir un bilan régulier et d’en informer la population. Sinon, il faudrait envisager de faire appel à une expertise indépendante...
Valduc et Dijon sont les hauts lieux des armes nucléaires. Le personnel qui travaille dans ce centre est tenu au secret, parfois jusqu’à être paranoïaque, ce qui explique que des informations élémentaires sur la sécurité et la pollution ne soient même pas disponibles !
Les opposants aux armes nucléaires manifestent par une présence du 6 au 9 août, anniversaires d’Hiroshima et Nagasaki, devant le centre du CEA et au centre-ville de Dijon, pendant 4 jours, pour dénoncer cette arme de destruction massive dont l’utilisation est condamnée par l’ONU comme « un crime contre l’humanité ». Un « jeûne-action » ouvert à tous dénoncera cette situation préoccupante de trafic de bombes sur les routes et de pollution au tritium.

Dominique Lalanne

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