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Ungersheim, un village en transition écologique

Baptiste Giraud, Lucas Mascarello

C’était le bassin de la potasse. Nord-ouest de Mulhouse. La plaine d’Alsace s’étale aux pieds des Vosges. Aujourd’hui Jean-Claude Mensch, ancien mineur, 69 ans, maire d’Ungersheim depuis 1989, montre l’exemple de la transition vers une société décarbonée. En commençant par la piscine construite par ses prédécesseurs, chauffée à l’électricité nucléaire. Le maire étudie alors plusieurs solutions, avant de choisir le chauffage solaire.

Foisonnement d’idées

Puis les décisions se multiplient. Une chaufferie bois est construite pour alimenter les équipements municipaux. L’installation de « gradateurs » sur l’éclairage public réduit de 40 % sa consommation électrique. Les produits phytosanitaires sont bannis des espaces verts, et les produits d’entretien utilisés doivent être certifiés écologiques. La distribution de l’eau est reprise en régie municipale, occasionnant une baisse de 10 % du prix, tandis que des compteurs d’eau relevables à distance permettent de repérer et réparer les fuites. Le conseil municipal vote une motion pour la fermeture de Fessenheim.

Projet d’autonomie alimentaire

Côté énergétique, un parc photovoltaïque de 40 000 m² a été construit sur un terrain qui servait autrefois au stockage des résidus de l’extraction minière. Les panneaux fournissent l’équivalent de la consommation électrique de plusieurs milliers de personnes par an. La mairie a aussi impulsé la construction d’un écohameau selon les principes de BedZED (1), ’le Champré’. Neuf personnes devraient bientôt y emménager. Enfin, un cadastre solaire a établi le potentiel énergétique des toitures du village et encourage les habitants à installer des panneaux solaires.

Quant au projet d’autonomie alimentaire, il se construit autour d’une filière « de la graine à l’assiette ». La graine, ce sont les Jardins du trèfle rouge qui s’en occupent : ce jardin de cocagne emploie une trentaine d’ouvriers-maraichers en insertion, sur huit hectares et en bio. Avec les Jardins d’Icare, installés sur la commune voisine, ils produisent et distribuent plus de quatre-cents paniers de légumes bio chaque semaine, tiennent un stand au marché, et alimentent… la cuisine bio d’Ungersheim, tenue par un autre organisme d’insertion. Cinq-cents repas y sont préparés chaque jour à destination de huit écoles, dont les deux du village. Une fois par semaine, les enfants ont même droit à un plat végétarien.

La transition ne fait pas rêver tous les Ungersheimois

Toutefois, les quelques 2000 Ungersheimois ne se sont pas tous convertis à l’écologie. Un certain nombre semble rester indifférents à toute cette « transition ». Au second tour des dernières cantonales, c’est l’abstention qui était en tête avec 55 % des inscrits, devant le Front National, à 55 % des votants. Par contre, la transition rayonne aux alentours, jusqu’à Mulhouse et Colmar. Les citadins, qui prennent les paniers du Trèfle rouge et investissent dans l’écohameau, ne sont pas pour rien dans la réussite de la petite commune.

Baptiste Giraud et Lucas Mascarello

(1) Beddington Zero Energy, Habitat groupé situé au sud de Londres.

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