Brève Dossier Eau Environnement

Océan : un milieu si indispensable et si méconnu

Baptiste Giraud

« C’est grâce à la vie dans les océans que l’oxygène a été produit sur terre. » Et ce n’est pas rien de garder à l’esprit ce rappel que nous adresse le chercheur Gilles Reverdin (1). Sans océan, nous n’aurions pas existé.

La plateforme Océan et Climat se bat pour le faire entendre : l’océan est un acteur majeur du climat (2). Non seulement il relâche de l’oxygène dans l’atmosphère, mais il absorbe aussi du dioxyde de carbone ainsi que la majeure partie du réchauffement de la planète. « Ces échanges ont permis un équilibre planétaire pendant des milliers d’années », explique Gilles Reverdin. Et encore aujourd’hui : « Depuis le début de l’ère industrielle, l’océan a absorbé un tiers du CO2 émis, tandis que 93 % de la hausse de température de la planète va dans l’océan. »

Comment ? Par un mélange de principes physiques, chimiques et biologiques : physiques, car l’eau a une plus forte capacité de stockage de chaleur ; chimique, car le gaz carbonique se dissout, dans l’eau, en carbonate avant d’être enfoui dans les profondeurs ; biologique, car le phytoplancton, c’est-à-dire les organismes végétaux en suspension dans l’eau, utilise l’énergie solaire pour transformer le CO2 en O2. Le tout renforcé par la place dominante des océans, recouvrant 71 % de la surface terrestre.

Pourtant, ce milieu si essentiel demeure aujourd’hui largement inconnu. Et pour cause : bien que la vie en provienne, nous, humains, sommes plutôt inadaptés à vivre sous la mer. Le plongeur François Sarano (3) explique à Silence combien la connaissance scientifique reste limitée : « Aujourd’hui, on a déjà décrit environ 240 000 espèces marines, et on estime qu’il en reste plusieurs millions à étudier. Mais une espèce se définit par les relations qu’elle tisse avec les autres dans leur milieu ; or, pour étudier une espèce, nous la pêchons, nous n’allons pas la voir sous l’océan. C’est une négation de la vie. »

Le caractère inaccessible et incontrôlable de l’océan constitue à la fois son attrait, si l’on pense à l’exotisme, l’aventure qu’il inspire, et sa dureté. Parce qu’on n’y est pas, parce qu’on ne voit pas ce qu’il s’y passe, nous n’avons pas conscience des dangers qui le menacent aujourd’hui.

« Les plongeurs ont un rôle essentiel, poursuit François Sarano : on doit témoigner, raconter ce que l’on voit sous l’eau. Car cette vie sauvage, quand vous la côtoyez, elle vous bouleverse. L’harmonie du vivant est un cadeau, une rencontre qui vous change, vous amène vers la paix et la tolérance. »

La vie sauvage, ou ce qu’il en reste… Prêt.e.s ?

Baptiste Giraud


(1) Chercheur au Laboratoire d’océanographie et du climat (LOCEAN), spécialiste des échanges air-mer
(2) www.ocean-climate.org
(3) Ancien de l’équipe Cousteau, océanographe, il a participé à de nombreux films sur les océans.

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