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Neil Young contre Monsanto

Jocelyn Haumesser

Qu’on se le dise, au jour d’aujourd’hui, il n’est plus possible de dissocier l’artiste du militant chez Neil Young. Enragé et engagé, à 69 ans, il n’a de cesse de surprendre et toujours avec cette même fervente volonté d’éveiller les consciences.

Si les années 80 l’ont vu fricoter du côté du républicain Ronald Reagan, une de ses erreurs de parcours, ses engagements actuels ne prêtent plus à confusion. Son militantisme remonte à loin. Il est de cette génération Woodstock (1), celle en qui le mouvement hippie a planté une graine d’idéalisme.
Son premier grand coup d’éclat fut la chanson Ohio, parut sous forme de single en 1970. Une chanson qui fait écho à la fusillade de 1970 qui eut lieu à l’université de Kent State en Ohio. Quatre étudiants, qui manifestaient pacifiquement contre la guerre du Vietnam, ont été sauvagement tués par la garde nationale. Le morceau, censuré par certaines radios, deviendra un hymne de la contre-culture américaine.
En 1985, il sera l’instigateur de Farm Aid, événement annuel qui réunit pléthore de légendes musicales, dans le but de soulever des fonds pour les fermiers américains en difficulté.
En 1986, il fonde avec sa femme l’école The Bridge School destinée à accueillir les personnes en situation de handicap, ses deux fils étant eux même handicapés. On peut aussi évoquer son soutien aux populations de la première nation Athabasca Chipewyan, luttant contre les compagnies pétrolières, à travers une tournée dont les fonds leur furent reversés. Le gouvernement canadien n’apprécia guère.
C’est désormais au géant de l’agro-alimentaire Monsanto et aux OGM que Neil Young a décidé de s’attaquer avec la sortie de son nouvel album The Monsanto Years (2).

Un enfer avec Monsanto

D’un point de vue musical, c’est du tout bon (3). Si la voix de Neil Young commence doucement à faiblir en terme de puissance, sa sonorité de guitare électrique reste imparable et son sens de la mélodie fera qu’on oublie difficilement ce que l’on vient d’entendre. C’est rock, vif et efficace. Si on s’attarde sur les paroles, autant dire qu’ils sont plusieurs à en prendre pour leur grade, que ce soit la compagnie pétrolière Chevron avec People Want To Hear About Love (Ne parlez pas des millions de Chevron qui s’écoulent dans le pipeline politique/Les gens veulent entendre parler d’amour), Starbucks dans A Rock Star Bucks A Coffee Shop (Oui, je veux une tasse de café, mais je ne veux pas d’OGM/J’aime commencer ma journée de repos sans aider Monsanto) et Monsanto toujours avec le titre The Monsanto Years (Le fermier sait qu’il doit cultiver ce qu’il pourra vendre/Alors il signe un contrat d’OGM qui fait de la vie un enfer avec Monsanto).
Un délicieux brûlot écologique qui s’apprécie le son bien fort et les fenêtres ouvertes pour que tout le monde puisse en profiter et méditer dessus !

Jocelyn Haumesser

(1) Woodstock est un festival de rock qui s’est tenu près de New York en août 1969 avec près d’un demi-million de spectateurs.
(2) avec en parallèle la production d’un court mais poignant documentaire Seeding Fear racontant l’histoire du fermier Michael White se battant tant bien que mal contre Monsanto
(3) Avec à ses côtés le groupe Promise Of The Real.

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