Numéro 440 - décembre 2015


Le renouveau de l’éducation populaire

Où sont les espaces sociaux où jeunes et moins jeunes peuvent apprendre à coopérer, à affûter leur esprit critique et à se révolter ? C’est dans ces lieux de contre-pouvoir situés en dehors de la famille, de l’école et des écrans, que nous pouvons partir à la recherche de l’éducation populaire. Ce dossier revient sur l’histoire passionnante d’une volonté d’organiser l’émancipation de tou-te-s… qui a décliné un moment pour renaître aujourd’hui sous de multiples formes. Il part à la rencontre de plusieurs acteurs de ce renouveau.

•Dossier

Le renouveau de l’éducation populaire

« Outiller les désirs de démocratie »

Un véritable essaimage d’expériences indépendantes d’éducation populaire, sous forme de SCOP ou d’associations 1901, ont fait leur apparition au cours des quinze dernières années. L’exemple du Contrepied, en Bretagne, est significative de cette nouvelle génération.

1790-1990 : les trois vies de l’éducation populaire

Issus de la philosophie des Lumières et de la Révolution française, trois grands courants de pensée : laïque, religieux et révolutionnaire, revendiquent d’avoir été à l’origine du mouvement de l’éducation populaire. Comment s’est développée cette dynamique jusqu’à aujourd’hui 

Rencontre avec quelques acteurs de l’éducation populaire

Pour en savoir davantage sur les dynamiques actuelles, Silence est allé à la rencontre de plusieurs acteurs de l’éducation populaire. Le Caravanserail Café, situé à Villeurbanne, et les branches lyonnaises du Planning Familal, des MJC et du Crefad, lèvent le voile sur quelques questionnements qui les animent. 

Pour une éducation populaire politique

« Une éducation populaire qui ne dérange pas le système, l’arrange », aiment à dire les membres de la coopérative d’éducation populaire La Trouvaille. Silence les a interrogées sur le renouveau des pratiques actuelles et sur la place de l’écologie dans celles-ci.

•Articles

Grèce, l’écologie en temps de crise

Silence a voulu revenir sur la situation sociale et humaine en Grèce. Pour brosser ce tableau nous avons choisi le regard d’une militante écologiste, Dimitra Spatharidou. Elle nous parle de l’effondrement de la société grecque, mais aussi de la lueur d’espoir que représentent les combats pour les biens communs. 

BD : Comprendre la guerre en Syrie

La situation en Syrie semble compliquée lorsqu’on la suit à travers le prisme de nos médias. Jean-Pierre Filiu est l’un des spécialistes de la question. A partir de 2013, il s’est associé avec Cyrille Pomès pour exprimer en BD à la fois la complexité de la situation et le quotidien de ceux qui aujourd’hui fuient le pays par millions. 

Musique : Hervé Krief, l’art de l’engagement

« Arrêtons de travailler », « Plus de pétrole », « Fukushima mon amour », « Téléphone mobile », « Publicité »,… En lisant les titres des chansons de son dernier album, Toi qui marches, on comprends pourquoi il était évident que Silence s’entretienne avec le musicien Hervé Krief…

Nous pouvons bloquer le TAFTA !

Le TAFTA est un projet d’accord commercial de grande ampleur négocié discrètement entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. Cet accord vise à faciliter le commerce en supprimant les « obstacles réglementaires superflus ». Des tribunaux arbitraux permettront aux entreprises transnationales d’obtenir réparation chaque fois qu’elles s’estimeront lésées par une décision des pouvoirs publics.

Vers la fin des OGM cachés ?

Les faucheurs volontaires d’OGM, mouvement d’action non-violente, agissent depuis plusieurs années pour neutraliser des cultures commerciales et des essais OGM mutés. Mais les quantités cultivées sont importantes et il est nécessaire d’intensifier l’action et les soutiens pour faire basculer le rapport de force et imposer un moratoire.

• Chroniques

Écologie pratique : Des tissus pliés qui nous emballent !

Bonnes nouvelles de la Terre : Au Brésil, des passionnés sauvent les abeilles sans dard et préservent la biodiversité

Catastrophe de Fukushima : Les deux tiers du Japon seraient contaminés par le nuage radioactif…

Nucléaire ça boum ! : Le pape François s’oppose à l’arme nucléaire

100 dates féministes pour aujourd’hui : 1969 : des sorcières contre le capitalisme et le patriarcat

En direct de nos colonies : Nouvelle victoire populaire au Burkina

•Brèves 

 Alternatives  Nucléaire  Vélo(rution)  Énergies  Climat  Environnement  Paix  Femmes, hommes, etc.  Politique  Nord/Sud  Politique  Santé  Agri-bio  Annonces  Agenda  Courrier  Livres Quoi de neuf ?

•Éditorial

À la recherche de l’éducation populaire

La famille, l’école et la télévision (puis l’ordinateur, l’Iphone, ...). Dans notre société, les enfants et les « jeunes » seraient pris en charge alternativement par l’une ou l’autre de ces trois sources d’influence majeures. Cette vision n’est-elle pas un peu réductrice 

Mais au fait, de quoi auraient-ils besoin d’autre ?

D’espaces intermédiaires où apprendre à coopérer, à affûter leur esprit critique, à se révolter ? Mais ces savoirs et ces savoir-être ne peuvent pas venir d’en-haut, des classes dominantes. Ils ne peuvent s’élaborer qu’en dehors des institutions, dans des lieux de contre-pouvoir.

C’est peut-être dans cet espace « autre » que nous pouvons partir à la recherche de l’éducation populaire. Non pas pour trouver une impossible définition, car l’enjeu n’est pas identitaire. Mais pour explorer des espaces sociaux que nous n’avons plus l’habitude de regarder avec attention. Nous oublions vite qu’il y a deux générations, les jeunes étaient massivement pris en charge dans leur formation sociale, politique, artistique, spirituelle, scientifique, par une multitude de mouvements animés par des militant-e-s,
passionnés par un projet de société qu’ils cherchaient à transmettre. Des Jeunesses musicales aux Maisons des Jeunes et de la Culture, des Scouts aux Francas, des Jeunesses ouvrières chrétiennes (JOC) aux Jeunesses communistes, nombreux étaient les espaces sociaux intermédiaires se donnant pour vocation d’accompagner les jeunes dans un parcours d’émancipation ou de citoyenneté. A côté des Eglises et du parti communiste qui composaient le gros du peloton, de nombreux autres mouvements existaient. 

Les temps ont changé. L’éducation populaire a traversé un creux de la vague à partir des années 1980-1990, du fait de la chute de l’influence des idéologies de gauche et du développement marchand des loisirs individuels. Mais parallèlement, de nouvelles formes d’interventions sont nées.

Des « conférences gesticulées », mises à l’honneur notamment par la SCOP Le Pavé (1), aux camps de vacances « alternatifs » qui éveillent les jeunes à l’autonomie et à l’écologie. L’écologie qui, justement, a aussi fait son entrée dans la ronde.

C’est à cette ronde que nous avons voulu participer l’espace d’un dossier pour sentir quelles sont les énergies qui la traversent aujourd’hui. Quel que soit le nom qu’elle se donne. 

Monique Douillet et Guillaume Gamblin

(1) L’autodissolution de la SCOP Le Pavé en décembre 2014 a donné naissance à deux nouvelles structures d’éducation populaire : La Trouvaille et le Contrepied.