Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Contamination nucléaire ne décroit pas et elle s’étend. Comment ?

Monique Douillet

Au gré des pluies, vents, typhons, fissures de conduits et opérations d’extraction de rejet ou d’enfouissement, la contamination gagne la faune, la flore, les sous-sols et les mers, étendant progressivement son périmètre.

Chaque jour, depuis 4 ans et demi, les preuves abondent.

En septembre 2015, dans des prélèvements de boues sèches d’une station d’épuration de la province de Gunma, à 250 km au sud-ouest de Fukushima on a trouvé de l’iode 131 à hauteur de 49 Bq/kg. Comme sa durée de vie est de moins d’un mois, il s’agit là d’une contamination récente issue du panache radioactif des réacteurs accidentés. Idem à Funabashi (banlieue est de Tokyo), également dans les sédiments d’une station d’épuration. Preuve qu’un nuage radioactif, probablement en provenance de Fukushima, a récemment touché cette région située à 200 km plus au nord. Personne n’en a parlé !

Toujours en septembre, un ouragan est passé sur le pays, des pluies torrentielles ont submergé les pompes de drainage sur le site de la centrale de Fukushima et des centaines de tonnes d’eau contaminée se sont écoulées dans l’océan. Selon le Japan Times, c’était la sixième fois que TEPCO n’arrivait pas à endiguer l’eau de pluie.

A Iitate, une zone de stockage de déchets nucléaires a été inondée, au moins 240 sacs pesant chacun de 200 à 300 kg ont été emportés par une rivière. Le ministère de l’Environnement a dénombré 395 sacs emportés par les rivières en crue dans la seule province de Fukushima et 334 sacs dans d’autres préfectures. Sept sites d’entreposage de déchets radioactifs ont été submergés. Plusieurs associations s’interrogent sur les effets de la dispersion de ces sacs dans des zones dites décontaminées.

A la fin de ce mois, TEPCO a enregistré des records de radioactivité dans l’eau, que ce soit en mer ou sous les réacteurs. Ainsi le taux maximum pour le strontium Sr90 a augmenté de près de 60 % depuis juillet.

Dans des prélèvements de mousses d’un barrage qui sert à l’alimentation en eau potable de la ville de Minamisoma, à 30 km au nord de la centrale de Fukushima, ville non évacuée, on a trouvé des taux de 481 000 Bq/kg de césium 134 et 137*.
Des excréments de singe prélevés à proximité révèlent des taux extrêmement élevés !

Selon une étude de l’Institut national des sciences radiologiques, 98 % des sapins présents dans la zone interdite de Fukushima présentent des déformations, 97 % n’ont plus de bourgeons et ont arrêté leur croissance. Des observations similaires avaient été faites à l’époque dans la zone interdite de Tchernobyl, ce n’est donc pas une surprise.

Quant aux conséquences sur les êtres humains, avec un taux de 15 cas de cancers de la thyroïde pour 100 000, on est déjà à dix fois la normale. Mais les autorités persistent à dire que cela n’a pas forcément de lien avec l’accident nucléaire.

Monique Douillet

* la limite à ne pas dépasser est de 100 Bq/kg.

Une version chronologique détaillée de la catastrophe se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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