Brève Chronique Armes nucléaires Paix et non-violence

Allemands contre les bombes

Dominique Lalanne

Mai 2015, une nouvelle étape a été franchie pour s’opposer aux bombes nucléaires hébergées par l’Allemagne à Büchel, à 100 kilomètres de la frontière, au nord de Metz. Un blocage de la base de l’OTAN pendant 65 jours par des contestataires regroupés dans un camp associatif... à 100 mètres de celle-ci ! Plusieurs groupes de Français sont venus sur place.

La base de Büchel héberge 20 bombes nucléaires de l’OTAN, un résidu de la guerre froide dénoncé par quasiment tous les partis politiques allemands. Les raisons en sont politiques, il s’agit d’imposer à l’Allemagne le « partage nucléaire » qui implique que des pilotes allemands pourraient aller larguer des bombes nucléaires sur un ordre venu des États-Unis. Cette base de Büchel comporte un aéroport pour les missions militaires et 2000 personnes y travaillent. Depuis de très nombreuses années des manifestations dénoncent cette base pour demander sa fermeture, entre autres, du 6 au 9 août un « jeûne-action » se tient à sa porte en lien avec les autres « jeûne-actions » d’Europe.
La nouvelle étape de 2015 est un blocage de l’entrée de la Base pendant 2 mois*. Un blocage en pointillé car la présence n’est pas continuelle, mais un blocage qui veut interpeller toute l’Allemagne pour signifier aux Américains qu’ils doivent éliminer leurs bombes d’Allemagne.

Des Français bloquent la base

Fin avril, nous sommes partis à plusieurs groupes de Français. Armes nucléaires STOP, la Maison de Vigilance, la CANVA (Coordination de l’action non-violente de l’Arche de Lanza del Vasto) et les Désobéissants ont formé un premier groupe, puis ce fut le tour de la Maison de Bure contre l’enfouissement des déchets nucléaires. Le lien entre la France et l’Allemagne est très important car la France refuse que les bombes nucléaires quittent l’Allemagne pour que le « partage nucléaire » ne soit pas remis en cause. La France ne veut pas se retrouver seule à avoir des bombes en Europe !
Assis devant la base, le blocage se passe sans difficulté avec la police pendant le week-end, l’entrée peut se faire par une porte éloignée pour la sécurité. Mais en semaine, il est difficile de tenir plus de quelques minutes ! Un blocage partiel a néanmoins tenu de nombreuses heures.

Dynamique non-violente

La dynamique non-violente de ces blocages commence par une réunion des groupes qui arrivent pour préparer l’action. Ce sont principalement des groupes de toute l’Allemagne et certains viennent de loin. La discussion sur les détails de l’action se termine toujours par la question simple : « qui d’entre nous veut poursuivre jusqu’à se faire arrêter ? ».
Éliminer ces bombes, est-ce réaliste ? Oui, pensent les Allemands car le Bundestag (parlement) a pris position en 2010 pour le retour de ces armes aux États-Unis mais la chancelière ne veut pas mettre en œuvre cette résolution. Dans les années 1980, en pleine guerre froide, les gigantesques manifestations en Allemagne ont bien contraint au départ des fusées Pershings et SS20.
Alors, nous irons à nouveau en Allemagne devant la base de Büchel au mois d’août pour le jeûne-action de commémoration des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki.

Dominique Lalanne
président de Armes nucléaires STOP
do.lalanne@wanadoo.fr


*voir sur le site : http://www.buechel-atomwaffenfrei.de/

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