Brève Chronique Fukushima Nucléaire

Tout se ligue contre le redémarrage du nucléaire

Monique Douillet

Redémarrera, redémarrera pas ? Les paris sont ouverts sur les réacteurs de Takahama (3 et 4). Alors que l’autorité de contrôle (NRA) avait déclaré recevable le dossier de redémarrage, neuf citoyens de la région ont porté plainte devant le tribunal, contestant les conclusions sur les mesures de protection antisismiques. Le tribunal de Fukui vient de leur donner raison. La compagnie électrique KEPCo fait appel, mais cela va retarder les procédures de nombreux mois. Il ne reste plus que deux réacteurs susceptibles de redémarrer, ceux de Sendaï. La NRA a rappelé à cette occasion qu’elle ne donnait qu’un avis technique et que la responsabilité des redémarrages incombait aux politiques, lesquels doivent faire face à de multiples recours juridiques et à la réticence des autorités locales.

Contamination : pas de solution en vue

Les scientifiques vont construire des détecteurs autour des réacteurs 1 et 2 de Fukushima. Il s’agit de déterminer, par l’extérieur, l’emplacement des cœurs en fusion. La question est de savoir si la couche de 8 m d’épaisseur de béton, sous les réacteurs, a été percée ou non. Si oui, cela signifie que la réaction nucléaire a atteint la nappe phréatique, ce qui est gravissime et malheureusement probable. Comment arrêter les réactions nucléaires et neutraliser la radioactivité qui va s’échapper pendant des milliers d’années ? Le gouvernement reconnaît que le retrait du corium (cœur en fusion) qui marquerait la fin de l’activité nucléaire n’est plus un objectif daté.

Les robots meurent aussi
Un nouveau robot testé depuis le 7 avril par TEPCO pour pénétrer dans le réacteur n°1 a progressé sur une distance de 10 m avant de ne plus répondre aux ordres, le 11 avril : en panne, probablement victime de la radioactivité trop intense. Le 15 avril, un 2e robot identique pénètre par une autre ouverture en avançant plus lentement. Cette fois-ci il réussit à filmer et prend des doses de 6,7 à 8,3 Sievert par heure, ce qui est énorme. Le 20 avril, arrivé à proximité du premier, sa caméra tombe en panne, rendant impossible son retour vers l’extérieur. L’expérience est abandonnée.

Une nouvelle forme de contestation
Le blog de Fukushima publie le témoignage de personnes qui participent à un mouvement de protestation auprès de TEPCO : ils paient leur facture d’électricité en retard d’un jour ou deux, en faisant un mandat au lieu d’un virement automatique et mettent un commentaire contre le nucléaire sur le mandat. Ils ajoutent également un yen pour compliquer la gestion à l’encaissement.

La force du lobby.
Pour 2030, le gouvernement vient d’indiquer qu’il envisage seulement 20 % de renouvelables (contre 4 % avant l’accident) dont 7 % de solaire, 1 % de vent et compléments en géothermie et hydraulique. Cela prépare l’opinion à l’idée qu’il faudra construire de nouveaux réacteurs, répondant ainsi au vœu des compagnies électriques et non à celui de la population. Cette option ne tient aucun compte de l’évolution des prix, puisqu’aujourd’hui construire dans les renouvelables coûte moins cher. En somme, le Japon se prépare à subventionner le nucléaire !

Monique Douillet

Une version chronologique plus détaillée se trouve sur notre site www.revuesilence.net

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