Brève Chronique Alternatives Ecologie pratique

Rendre la ville comestible, l’expérience des Vergers urbains

Michel Scrive

Agir pour l’environnement, cela peut se faire au quotidien : en utilisant des matières naturelles, en les transformant, en se réappropriant des savoir-faire et en les transmettant par l’échange. Faire soi-même rend acteur et moins dépendant du système. C’est aussi souvent plus économique, meilleur pour votre santé et pour la planète.

Vergers Urbains est une association installée depuis trois ans dans le nord de Paris, au sein du quartier populaire de la Chapelle. Son but est d’installer des espaces comestibles et conviviaux dans les lieux publics, en rendant la ville plus végétale et donc moins minérale. 

Vergers Urbains a déjà plusieurs expériences de végétalisation : sur une placette devant son local, sur une grande esplanade (Nathalie Sarraute, Quartier Pajol) ou encore au sein d’espaces collectifs au pied d’immeubles sociaux. 

Cette occupation se fait grâce à un mobilier multifonctionnel. On y trouve des jardinières qui peuvent aussi être des bancs, des coffres pour y laisser des outils, un bac à compost, des bacs de différentes hauteurs pour des plantes et des arbustes. 

Ces installations sont posées sur des palettes. Elles peuvent ainsi être déplacées par transpalettes et devenir des « jardins mobiles », ce qui rassure les élus. Le regard des habitants est interpellé par cette transformation pouvant se faire au fil du temps. Ces structures sont fabriquées lors de chantiers mobilisant les habitants afin qu’ils puissent ensuite se les approprier. 

Les bacs ont une surface de culture d’un mètre carré (dimension d’une palette, 80x120cm). Le bois utilisé est un bois classe 3 ou 4, résistant à l’eau. Au fond de la palette, il y a une bâche imperméable permettant de constituer une réserve d’eau. On pose dessus des graviers, billes d’argile, pouzzolane (roche volcanique) ou des cagettes de plastiques retournées afin de séparer le substrat de la réserve. 

La terre de culture est ensuite retenue par une bâche géotextile ou une toile de paillage. Il faut une profondeur minimale de 30 cm de substrat de culture pour avoir une bonne croissance des plantes. Le substrat peut être constitué de lasagnes, c’est à dire un mélange de compost, de carton et de broyat, et de matières fraiches (compost ou tontes de gazon par exemple), en recréant du sol là où il n’y en a plus. 

La ville est envisagée comme un espace de ressources. On peut faire beaucoup dans peu d’espace, en utilisant les déchets urbains et les déchets organiques. C’est de la permaculture urbaine ! 

Les bacs sont le support de diverses strates végétales, inspirés de micro écosystèmes forestiers comestibles : par exemple un pommier pour la strate arborée, en association avec la strate arbustive (par exemple groseilliers, framboisiers, ou noisetiers) et la strate herbacée (légumes vivaces, fraises ou plantes aromatiques). Les jardiniers essayent de cultiver avec pour objectif de développer la biodiversité, avec des plantations variées. 

Les plantations sont comestibles et bien souvent fruitières car elles nécessitent peu d’entretien contrairement aux plantes potagères. En ville, les fruits captent moins les polluants que les tiges et les feuilles. Les fruitiers ne sont pas implantés le long des murs pour pouvoir se développer, sauf s’ils sont palissés. Ce sont généralement des variétés locales qui ont été greffées sur un porte greffe adéquat ou qui combinent l’aspect ornemental (avec feuillage persistant en hiver par exemple) à l’aspect productif (biodiversité ou alimentation). 

Vergers Urbains compte bien continuer à diffuser ses pratiques originales, qui allient créativité, convivialité et production alimentaire.

Si vous voulez contribuer et m’aider pour cette rubrique sur l’écologie pratique et les savoir-faire, n’hésitez à me faire part de vos expériences :
Michel Scrive
5, rue de la Paix
93500 Pantin
mishelu@riseup.net


Pour plus d’informations sur Vergers Urbains : 
http://villecomestible.org/

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