Article Brève Énergies Transition énergétique

En 2030, nous consommerons moins… mais encore trop

Michel Bernard

L’Ademe, agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, a publié au début de l’année 2015 un scénario énergétique à l’horizon 2030 intégrant les dispositions de la loi de transition énergétique. Il montre que les nouvelles dispositions ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques.

Ce scénario tient compte des grandes tendances actuelles, des décisions prises dans les réglementations récentes (interdiction de l’obsolescence programmée, normes de construction, future loi sur la transition énergétique). Le résultat : une baisse en quinze ans des émissions de gaz à effet de serre en France de 17 %. Compte tenu de l’évolution démographique, cela fait 25 % par personne. Les auteurs reconnaissent que l’on est loin de la division par 4 prévue pour 2050 et souligne qu’une des difficultés est l’impossibilité d’agir sur les modes de fabrication des produits importés qui représentent déjà 40 % de notre empreinte carbone. C’est dans l’habitat que le gain le plus important est espéré (35 %) devant la mobilité (25 %).

Les hypothèses seront-elles tenues ?

Le scénario prévoit qu’en 2016 et 2017, 500 000 logements seront construits aux nouvelles normes… et qu’autant seront rénovés. Si pour la construction, c’est probable, pour la rénovation, ce n’est pas gagné. Pour les véhicules, la baisse serait obtenue par le recours à des voitures électriques et des voitures hybrides. D’ici 2030, nous aurions 10 % de véhicules électriques, 22 % de véhicules hybrides… mais la polémique reste vive sur la question car beaucoup soulignent que la quantité d’énergie grise (l’énergie nécessaire à la construction de ces véhicules) est très largement supérieure à celle utilisée pour la construction des véhicules à essence et que le bilan n’est pas forcément favorable (1).
Au niveau alimentaire, il est envisagé un « rééquilibrage des régimes alimentaires » avec plus de produits locaux, de saison, moins de viande… ce qui est une tendance réelle mais faible actuellement.
Pour les produits de consommation non-alimentaires, il est espéré une durée de vie en hausse de 20 % et une baisse de la consommation de 22 %. Si ce deuxième objectif est probable, le premier l’est moins (la durée de vie des appareils électroniques est soumise à un renouvellement rapide des modèles). Il n’est pas envisagé l’arrivée de nouveaux gadgets forcément « indispensables » sur le marché : internet puis les Iphone, Ipad et tablettes ont annulé toutes les économies d’énergie de ces dernières années.
Compatible avec une « croissance verte », ce scénario est assez optimiste. S’il a le mérite pour une fois de mettre tous les objectifs de consommation à la baisse, c’est largement insuffisant pour atteindre un retour à une empreinte écologique viable.

MB.

Pour en savoir plus : www.ademe.fr/publications

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