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A Paris, l’agriculture s’apprend à l’école

Olivier Bailly

Depuis sept ans, l’association Veni Verdi sensibilise habitants et écoliers à l’agriculture urbaine, en investissant des parcelles dans des écoles et collèges du 20e arrondissement de Paris.

En sept ans, l’association Veni Verdi a transformé des surfaces inutilisées en jardins. « Au départ deux écoles du quartier, Lesseps et Vitruve, m’ont permis de démarrer » se souvient Nadine Lahoud.
Début 2014, l’association achemine six cents litres de terre destinée à la culture maraîchère sur le toit du collège Henri Matisse. Nadine se souvient de sa première récolte, au printemps dernier : « Nous avions eu l’idée de descendre au moment de l’interclasse avec nos poches de salades. En arrivant en bas je n’en avais plus une. Les gosses avaient tout mangé. Ils trouvaient que c’était meilleur que les chips ».

Petites productions

A la même époque l’association commence à installer des sacs de terre avec des plantations au pied du collège. Il y a eu du saccage. Mais aujourd’hui les gamins du quartier respectent les cultures. Mieux, ils en redemandent.
Quand la production est suffisante, Nadine la vend le mercredi au café associatif Natema situé rue des Orteaux, en face du collège.
Le jardin sur le toit du collège Matisse est expérimental. Dans cette opération Veni verdi finance sur ses propres deniers la main-d’œuvre, la terre, les graines. Ce qui revient à cinquante euros le mètre carré. Le collège fournit le terrain et l’eau.
« Tout le monde cherche dans la ville de grandes surfaces pour de grandes productivités. Moi j’en cherche des petites, précise Nadine. Je me dis qu’on peut en faire aussi quelque chose ».

Reprendre la main sur les bases de notre vie même

Le travail mené par Nadine, Julien l’ingénieur et Paco le jardinier, triumvirat veniverdien, commence à être reconnu. Depuis l’automne 2014 les abords du collège Pierre Mendès-France sont consacrés à la culture des tomates, courgettes, fèves, ail…
Un autre jardin est en projet au sein de l’école primaire de la rue Le Vau ainsi qu’à la maternelle du Clos. Situé aux confins de l’arrondissement, près du périphérique, le collège Pierre Mendès-France « est l’un des établissements parisiens qui possèdent le plus d’espaces verts », explique Nadine. La greffe n’a pas tardé à prendre : « Les équipes pédagogiques viennent nous voir pour discuter de ce qu’on peut développer ensemble ».
Les vacances de la Toussaint ont été déterminantes : « Le principal nous avait laissé les clés. Des familles entières sont venues. L’une d’entre elles venait presque tous les jours. La mère m’a même confessé que sans nous, c’était deux semaines devant la télé avec ses enfants tandis que là, ça a été quinze jours de Club Med ! ».
Pour Nadine Lahoud « l’idéal c’est que ces jardins soient un lieu de rencontre, de convivialité, de prise en charge et que chacun y ait sa place. Tu verrais les enfants comment ils bossent. Ils ont de l’énergie à dépenser… »
« Nous avons fait des demandes de subventions pour l’année prochaine, nous sommes plutôt optimistes. Nous avons aussi des ressources directes. Nous travaillons avec des bailleurs sur des accompagnements de jardins partagés dans Paris ». Plusieurs embauches sont prévues en 2015.

Olivier Bailly
www.reporterre.net

Veni Verdi, www.veniverdi.fr, tél entre 16h et 18h30 : 06 51 65 50 29.

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