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Fermes-usines et vaches à merde

Michel Bernard

Si la lutte contre l’usine des « mille vaches » dans la Somme a été médiatisée, il y a malheureusement une multiplication de projets de ce genre en France.

Depuis 2011 se construit, dans la Somme, une "ferme industrielle" prévue pour un millier de vaches. Le lait y est considéré comme un sous-produit, le revenu le plus important provenant de la méthanisation des déchets agricoles. La mobilisation est allée croissante contre ce projet.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 2014, Michel Ramery, propriétaire, sous la protection de la gendarmerie, a réussi à faire entrer 150 vaches dans son établissement industriel. Dès le lendemain matin, les militants de la Confédération paysanne et de Novissen (1), bloquent le site. Le 16 septembre, le Ministère de l’agriculture annonce que le nombre de vaches est limité à 500 et la puissance du méthaniseur prévu sur place (et qui doit assurer la rentabilité du projet) est limitée à 0,6 MW contre 1,3 MW prévu. Il ne peut fonctionner qu’avec des déchets agricoles produits sur place. Cela devrait éviter des collectes par camions tout autour. Enfin, en cas d’extension, toute la procédure administrative devra repartir de zéro.

D’autres projets en cours

À seulement 40 km de cette usine à vaches, un autre projet est en train de voir le jour à Beauval (Somme) : une usine capable d’accueillir 250 000 poules. Le propriétaire, Pascal Lemaire, est déjà à la tête d’un élevage de 18 000 poules et vise à terme 400 millions d’œufs par an. L’usine est prévue sur trois étages et selon lui, « les poules disposeront en moyenne de 9 m2 », largement au-dessus des normes, mais sans jamais sortir. Il s’inspire de fermes-usines qui existent déjà aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie. Le projet va employer… seulement 6 personnes !
À Saint-Martial-le-Vieux (Creuse), un projet d’élevage de 1000 veaux est à l’étude au sein du Parc naturel de Millevaches. L’engraissement se faisant sur 7 mois, ce sont 1400 veaux par an qui passeront là, acheté dès maintenant par Intermarché. Les animaux seront égorgés selon le rite hallal pour une exportation dans les pays du Maghreb. Une pétition a été lancée en décembre 2014 (2) pour demander aux collectivités publiques de ne pas subventionner ce projet. Nombre d’emplois envisagés : 1 à la gestion, 2 aux machines car tout est automatisé.
À Heuringhem (Pas-de-Calais), un permis de construire est contesté au tribunal par le voisinage. Il porte sur une usine de 4500 cochons.
À Saint-Symphorien (Gironde), un projet de 11 000 cochons est pour le moment bloqué au niveau administratif.
À Missé (Deux-Sèvres), la préfecture a donné son feu vert en juillet 2014 à un projet de 350 000 volailles (contre 91 000 actuellement).
À Saint-Didier-d’Aussiat, une enquête publique s’est tenue en octobre 2014 pour un projet de ferme-usine de 1020 bovins : 610 taurillons et 410 veaux à l’engraissement.
Et ce n’est pas fini car dans le monde, il y a pire. Aux États-Unis, le plus grand élevage-usine atteint 40 000 vaches et la plus grande usine se trouve en Arabie Saoudite avec 46 000 vaches.

Michel Bernard.

(1) Novissen, Nos villages se soucient de leur environnement, association locale, est à l’origine de la mobilisation, 385, rue du Levant, 80132 Drucat, www.novissen.com.
(2) OEDA, Mlle Lenoir, La Pierre du Monteillard, Le Monteillard, 23250 Chavanat, collectif.oeda@gmail.com

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