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Malassis, une coopérative de peintres toxiques (1968-1981)

Dans l’entre-deux-Mai, 68 et 81, six artistes (Henri Cueco, Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et Christian Zeimert – ce dernier partira au bout d’un an) fondent une coopérative au sein de laquelle ils vont produire une peinture politique et figurative dirigée contre la société de consommation.
Contestant la figure romantique de l’artiste solitaire, ces peintres créent un art collectif, inscrit dans le quotidien et facilement accessible, qu’ils exposent dans des lieux non dédiés à l’art et à la culture. Ainsi, ils préfèrent louer leurs oeuvres afin de les soustraire au marché et de pouvoir se tenir à distance des institutions.
Les Malassis optent pour une peinture monumentale, sarcastique et virulente. Ils mènent une réflexion critique sur les structures politiques, sociales, économiques et industrielles, dont les dérives sont dénoncées et le naufrage annoncé.

Les Malassis, une coopérative de peintres toxiques (1968-1981), coordonné par Vincent Chambarlhac, Amélie Lavin et Betrrand Tillier, L’Echappée, 2014, 192 p, 32€.

Le Grand Méchoui ou douze ans d’histoire de France, 1972.
Faisant partie de 45 peintures, acrylique sur toile, 162 x 130 cm chacune.
Le titre fait référence à l’exposition controversée « 72 - 72 : douze ans d’art contemporain en France » au Grand Palais à Paris.
Les Malassis exposent une frise monumentale au vitriol contre le régime capitaliste. L’intervention des CRS qui chargent les manifestants bouleverse le vernissage. Les Malassis renoncent immédiatement à l’exposition et sortent avec leurs œuvres qu’ils utilisent pour repousser les policiers dans un happening aussi improvisé que saisissant.


Onze variations sur le Radeau de la Méduse ou La Dérive de la société de consommation,
1974.
Vaste décor de près de 2000m2.
C’est une commande publique pour décorer le centre commercial Grand’place, à Échirolles en banlieue grenobloise (Isère).
L’œuvre des Malassis se présente comme une critique de la société de consommation articulée à la notion de crise. À sa livraison en 1975, elle ne convainc guère le public. « Toxique » selon les termes d’Henri Cueco, leur peinture ne survivra pas aux logiques de rénovation urbaine de la Villeneuve minée par la crise dans les dernières décennies du 20e siècle.

Le paysan pauvre, 1969, 8 peintures, acrylique sur toile.
L’itinéraire en images d’un jeune paysan qui devient CRS.

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