Brève Alternatives Chronique de Reporterre

Marche pour le climat : succès à Paris, triomphe à New York

La marche pour le climat a connu un vif succès dans les nombreuses villes du monde où elle s’est déroulée le 21 septembre 2014. A Paris, plus de dix mille personnes se sont retrouvées pour rappeler que le changement climatique est l’enjeu politique prioritaire pour l’humanité, à deux jours du sommet 2014 de l’ONU sur le climat.

Cette manifestation était présentée comme « le plus grand rassemblement citoyen jamais organisé sur l’enjeu climatique ». Batucadas, déguisements, banderoles : le cortège a défilé dans une ambiance détendue, jeune et familiale, pour exprimer sa préoccupation du changement climatique. Ils étaient nombreux à scander en chœur les slogans : « Changer de climat, on n’en veut pas », « Le pétrole, c’est tabou, on en viendra tous à bout »…

Des non-militants descendus dans la rue

Dans la foule, beaucoup reconnaissaient faire leurs premières manifestations. Pour James, qui porte son fils Arthur, trois ans et demi, sur ses épaules, cela fait « plus de quinze ans qu’on n’avait pas participé à une manifestation pédestre ». L’action de marche est un geste d’engagement ponctuel ; la plupart refusent d’ailleurs l’étiquette de « militants ».
Cette mobilisation des non-militants témoigne du succès de la manifestation. Jouer sur une perception nouvelle de la gravité de la situation et la sortir des seules sphères politiques : c’était un parti pris, depuis le début, par Avaaz (1), coordinateur de l’événement et dont l’objet est d’animer des campagnes de mobilisation internationale sur internet : « Cette marche doit être un signal fort de la société civile à l’égard de ses dirigeants. C’est d’autant plus vrai en France, où le gouvernement doit prendre le leadership sur le climat en vue de la COP 21 à Paris en décembre 2015 », explique Marie Yared, chargée de campagne pour Avaaz.

Dépolitiser le débat ?

Dépolitiser le débat : serait-ce la clé de la réussite dans la lutte contre le changement climatique ? « C’est ce qui a tué l’écologie, ce paradoxe d’un enjeu universel qu’on a réduit à un enjeu partisan, nous répond Nicolas Hulot. C’est un sujet qui doit dépasser tous les courants. C’est un sujet humaniste, qui ne peut donc pas se réduire à un parti ».
Au milieu du bain de foule, Jean-Luc Mélenchon répond à Reporterre qu’il ne partage pas cet avis : « Il ne faut sûrement pas dépolitiser le débat, ce serait une erreur terrible. C’est une question fondamentalement politique : comment peut-on expliquer la stupidité des superstructures politiques devant le changement climatique autrement que par la pression des intérêts privés ? ». Pour autant, il admet qu’il faut « sortir le sujet du contexte partidaire, c’est le meilleur moyen de faire avancer la cause ». Les partis politiques étaient d’ailleurs loin d’être absents de la manifestation.

Faire du climat un enjeu incontournable

A plus d’un an de l’échéance de la conférence COP 21 (2) qui aura lieu près de Paris en décembre 2015, la manifestation du 21 septembre 2014 se voulait une première étape.

Combien de participants à Paris ? 5000 selon la préfecture de police, jusqu’à 25 000 selon certains observateurs. A New-York, ce sont environ 300 000 personnes qui sont descendues dans la rue, du jamais vu sur le thème du changement climatique. A Londres ils étaient 40 000, 30 000 à Melbourne, 10 000 à Berlin, 5000 à Rio de Janeiro, 3000 à Montréal, 800 à Genève…

Barnabé Binctin
(1) Organisation plusieurs fois critiquée par Silence pour son opacité et ses origines douteuses. (voir Silence n°405 p. 25, n°409 p. 25).
(2) Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, du 30 novembre au 11 décembre 2015. Echéance cruciale devant aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C.

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