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Femmes meilleures actrices de la résolution des conflits armés

Guillaume Gamblin

Les femmes sont perçues comme victimes des conflits armés, plus rarement comme actrices d’une sortie de la violence.

Et pour cause, selon une étude de Laurel Stone, chercheuse au World Policy Institute, elles ne seraient que 4 % des parties prenantes aux tables de négociations pour la paix (1). Comme au Sud-Soudan où des organisations de femmes ont réclamé, en vain, être associées au processus de paix mais ont été mises à l’écart par les deux parties.

Réduire les inégalités de genres réduit aussi les risques de guerre

Selon Laurel Stone, qui se base sur l’étude de 156 négociations de paix, augmenter la participation des femmes aux processus de paix pourrait faire diminuer de 24 % le recours à la violence lors de conflits internes ou internationaux. Elle précise qu’il s’agit de femmes présentes localement, et non extérieures au conflit comme des membres de l’ONU (2). Selon elle, la généralisation de quotas de femmes élues permettrait de la même manière, de faire baisser significativement la violence.

Une vision sociétale du conflit

La présence de femmes dans ces processus de négociations apporte également une situation de paix globalement plus durable. En effet, les femmes engagées dans les discussions élaborent des plans de sortie de crise plus complets en prenant mieux en compte les implications sociétales des conflits, et pas seulement l’accord politique entre les belligérants.
« Si on laisse les négociations de paix aux seuls belligérants, on en a pour des années !, expliquait ainsi Solange Koné, militante pacifiste de Côte d’Ivoire, au moment des accords de Marcoussis en 2003. Nous demandons, encore et toujours, à faire partie des négociations. En vain. Il ne nous reste plus qu’à nous poster à l’extérieur des salles de négociations pour faire pression, faute de mieux ». (3)

Chemins détournés

Les femmes sont souvent condamnées à emprunter des chemins détournés pour participer à la résolution des conflits armés : actions symboliques pour la paix, organisation d’objectrices à l’armée en Israël, soutien aux objecteurs en Turquie, actions de médiation directe envers les soldats au Sierra Léone et au Libéria, dénonciation des violences envers les civils avec la Plate-Forme pour la Paix en Casamance (Sénégal) née en 2011 du regroupement de 170 organisations de femmes…

Les sociétés « payent » donc les inégalités de genre par un recours aux armes plus important en cas de conflit politique. Qu’on se le dise : la paix passe par l’égalité.

Guillaume Gamblin

(1) Source : peacedirect.org
(2) Notons au passage que jusqu’à aujourd’hui, l’ONU n’a élu aucune femme secrétaire générale.
(3) Les accords de Marcoussis, ou accords Kléber, se sont tenus du 15 au 26 janvier 2003 en France et visaient à mettre un terme à la guerre civile de Côte d’Ivoire qui s’y déroulait depuis 2002. Autour de la table de négociations, les « Forces nouvelles » rebelles du nord et les différents partis politiques du pays étaient invités par le président français, Jacques Chirac.
(4) « Les femmes, actrices de non-violence et de paix : une reconnaissance difficile », Stéphanie Marseille, Altermondes n°7, 2006.

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