Brève Alternatives Chronique de Reporterre

Fourmis vertes, sensibiliser à l’environnement en banlieue

Vladimir Slonska-Malvaud

Depuis 2009, les membres de l’association Les Fourmis vertes parcourent les quartiers populaires d’Ile-de-France. Objectif : sensibiliser la population à la protection de l’environnement.

"On se met au pied des immeubles et on dresse un chapiteau avec des bancs et des tables". Dans la camionnette, sur la route de Corbeil-Essonnes, Marie-Noëlle détaille le modus operandi, bien rodé, de son "appartement pédagogique itinérant". À ses côtés, Sophie, intermittente du spectacle, comédienne et chanteuse, est chargée de faire vivre l’animation, de susciter la participation des habitants.
La sensibilisation de la population à l’environnement est la toile de fond d’interventions d’abord centrées sur les économies et les questions de santé, pour tenter d’intéresser les habitants. "Il faut toujours rester très concret, expliquer que l’environnement, ça n’est pas un truc de riches", dit Marie-Noëlle. Ce jeudi de juillet, la petite équipe part faire une animation sur les déchets dans un ensemble d’immeubles du quartier des Tarterêts.
"Les commanditaires sont à 80 % des bailleurs sociaux", dit Marie-Noëlle pour expliquer l’absence d’intervention des Fourmis vertes dans les beaux quartiers de la capitale. "Ça n’est pas volontaire de notre part, nous aimerions bien, mais c’est là qu’on nous envoie".
Les bailleurs souhaitent faire baisser la fréquence de certains comportements ou, comme ce jeudi, préparer la mise en place du tri sélectif à la rentrée.

Sur la place publique

Une série de barres d’immeubles attend les deux animatrices. Au milieu, un petit parking, quelques arbres et de la pelouse. L’endroit est désert.
"Le gros avantage de l’animation en plein air, c’est que des gens s’arrêtent quinze minutes, puis finalement restent alors qu’ils ne seraient jamais venus sinon, indique Marie-Noëlle. Il y a un côté fête foraine".
Au moment de commencer, la petite assistance compte deux gardiens, un petit groupe d’enfants accompagnés de leur mère et quelques femmes venues seules. Une dizaine de personnes pendant presque toute l’animation. "On va vous donner des solutions pour réduire de moitié vos déchets", annoncent Sophie et Marie-Noëlle.
Un diaporama diffusé sur un grand écran sert de support à l’intervention, avec divers objets destinés à expliquer certaines étapes du recyclage : échantillons de matière plastique, objets conçus à partir de déchets, canettes compressées. Tout le monde semble d’accord pour participer au tri.

"L’éducation, c’est du long terme"

Les quelques heures de présence sont conclues par un "jeu du tri". Une grande poubelle jaune est installée à l’ombre, à côté d’un sac classique noir. Un petit panneau rappelant les instructions est appuyé sur un arbre. Quelques déchets sont distribués aux habitants, qu’ils doivent mettre dans la bonne poubelle. Plastique, carton, flacon ? Malgré quelques erreurs, l’essentiel des déchets finit dans la bonne poubelle.
Impossible de connaître les retombées précises de ces animations. "Nous n’avons pas non plus une baguette magique qui ferait qu’en venant une ou deux fois, les problèmes seraient définitivement réglés : l’éducation, c’est du long terme », explique Marie-Noëlle.
Pour les Fourmis vertes, la partie est loin d’être gagnée.

Les fourmis vertes, 6 rue Faÿs, 94160 Saint Mandé, tél. : O1 43 56 83 96, www.fourmisvertes.eu

Vladimir Slonska-Malvaud
www.reporterre.net

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