Numéro 422 - avril 2014


Décolonisons nos luttes

Pourquoi ne trouve-t-on presque que des Blancs chez les écolos, et presque aucun dans les luttes pour les droits des immigrés ? Certaines revendications de nos mouvements sociaux ne sont-elle pas néocolonialistes, en oubliant de prendre en compte le poids de nos modes de vie sur d’autres peuples du monde ? Comment agir entre personnes de cultures différentes sans se juger, sans se dominer ? Comment ne pas reproduire des formes de paternalisme quand on lutte avec des étrangers ? Autant de questions que soulève ce dossier.

• Dossier

Décolonisons nos luttes

Décoloniser nos revendications (Guillaume Gamblin)

Choc des cultures, quelques interpellations (Hervé Ott)

Quand les Blancs prennent toute la place (Guillaume Gamblin)

Pourquoi nos mouvements sont-ils blancs (Guillaume Gamblin)

La libération des peuples néocolonisés se fera sans nous (Entretien avec Hélène Vincentini, par Guillaume Gamblin)

Histoire des luttes des immigrations en France : richesse, spécificité et renouvellement (Sonia Moussaoui)

Dossier coordonné par Guillaume Gamblin

• Articles

Manipulations et bataille politique (Michel Bernard)

Les légumes anciens de Moulin Coz (Thibaud Chéné et Manon Canovas)

Projet Crocodiles (Thomas Mathieu)

Amazon - exploitations.com (Eva Thiébaud)

Résister à la pieuvre Amazon (Entretien avec Jean-Baptiste Malet, par Eva Thiébaud)

• Chroniques

Les jeux en matériaux de récupération (Michel Scrive)

On joue à manger mieux et moins cher - et ça marche ! (Pascale Solana - Reporterre)

Entremont-Le-Vieux : une alternative à la maison de retraite (Pauline Orain - On passe à l’acte)

Docteur, c’est grave ? (Dominique Lalanne)

Catastrophe de Fukushima (Michel Bernard)

• Brèves

Nord/Sud • Femmes, hommes, etc. • Alternatives • Agri-bio • OGM • Paix • Politique • Société • Environnement • Nucléaire • Énergies • Santé • Climat • Agenda • Annonces • Courrier • Livres

éditorial

Pour une décroissance anticoloniale

Notre mode de vie occidental basé sur la surconsommation, ainsi que le « développement » qui l’accompagne, reposent sur la domination et la destruction de nombreux peuples du monde. L’approche de la décroissance et l’approche anticoloniale convergent sur la nécessité de remettre en cause radicalement notre système politique et économique qui a des impacts à la fois écologiques et néocolonialistes.

Mais si approches décroissantes et anticolonialistes semblent converger au niveau théorique, dans les faits il y a une rupture entre ces deux milieux. Dans les mouvements militants on peut bien souvent constater une coupure entre personnes blanches et non blanches, les premières étant quasi-absentes des luttes des personnes issues de l’immigration, les secondes étant peu présentes dans les mouvements écologistes. Pourquoi cette rupture ? Comment la dépasser ?

Autant de questions indispensables à se poser pour penser nos mouvements sociaux sans reproduire des mécanismes d’exclusion sociale, et plus encore dans le contexte actuel de montée du racisme dans la société (1).

Il convient donc de réexaminer nos manières de faire, mais aussi les discours et les revendications de nos mouvements sociaux, pour qu’ils ne soient pas porteurs d’un cadre de pensée néocolonial « par défaut », en « oubliant » de considérer les impacts que peut avoir notre mode de vie sur d’autres

Ce dossier est en grande partie bâti à partir de contributions de personnes blanches. Cet état de fait reflète la difficulté que nous avons eue au sein de Silence même de sortir de notre milieu et de rentrer en contact avec des personnes non blanches engagées sur ces thématiques.

Nous avançons pas à pas pour décoloniser nos luttes et nos manières d’agir, le chemin reste long alors vous aussi faites-nous part de vos initiatives pour avancer dans ce sens.

Guillaume Gamblin

(1) Voir aussi Silence n°411, dossier « Déraciner le racisme ».